Accident «Dropped» (TF1) : nouvelle demande de reconnaissance par la justice de la «faute inexcusable» de la société de production ALP

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La famille d’un ingénieur du son, décédé dans l’accident d’hélicoptères survenu sur le tournage de «Dropped» (TF1) en mars 2015 en Argentine, a réclamé jeudi la reconnaissance par la justice de la «faute inexcusable» de la société de production, qui s’en défend.

La veuve et les deux fils d’Edouard Gilles attaquent la SAS Adventure Line Productions (ALP) devant le pôle social du tribunal judiciaire de Laon et réclament plusieurs centaines de milliers d’euros de dommages et intérêts.

ALP, l’employeur de M. Gilles alors à six mois de la retraite, avait une «obligation de sécurité et de prévention des risques», qui ne se «délègue pas», a rappelé l’avocat de la famille Me Gérald Chalon, estimant que la société a failli à cette obligation, sans «aucun protocole», ni «aucun plan de vol». La collision entre les deux hélicoptères, peu après le décollage, le 9 mars 2015 avait coûté la vie à dix personnes dont trois sportifs français de haut niveau, la navigatrice Florence Arthaud, le boxeur Alexis Vastine et la nageuse Camille Muffat. «C’est la société de production qui a pris la décision de faire un vol en patrouille, une technique militaire de vol très rapproché, des deux hélicoptères (…) M. Nicolas Roussel (directeur de production) était sur place, il donnait les directives», a-t-il assuré, affirmant que ces aéronefs publics n’avaient pas le droit, selon la réglementation locale, d’effectuer ce type de vols avec des passagers. Mais, selon la défense, ALP a pris toutes les «dispositions pour préserver les salariés et les participants du danger», en faisant appel à un «professionnel du tournage», la société Sax Logistica, et un «professionnel de la sécurité», Peter Högberg, seul mis en examen pour l’heure pour homicide involontaire dans le volet pénal.

«Il y a eu une faute de pilotage», a répété Me Cédric Fischer, pour qui «c’était «inimaginable» que les pilotes se laissent «éblouir par le soleil». Et de réfuter «toute recherche de sensationnalisme» avec ce vol, assurant que ce n’était qu’un simple trajet. «Si c’était un simple transport, pourquoi recourir» au vol en patrouille, «le plus difficile et non sécurisé possible ?», a interrogé Me Chalon, certain que ce vol «faisait partie de la réalisation» et avait vocation à apparaître au montage.

La défense a demandé au tribunal d’attendre la fin de l’instruction pénale pour rendre un jugement, s’appuyant sur les sursis à statuer prononcés par deux cours d’appel pour d’autres familles de victimes. Le tribunal de Laon dira la 1er octobre s’il suit cette demande ou s’il condamne ou non ALP. Dans le volet pénal, ALP et le directeur de production sont témoins assistés. Une enquête pénale parallèle est en cours en Argentine.