Aliette de VILLENEUVE, Responsable du pôle contenus et marketing des programmes à NPA Conseil

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A l’occasion des Assises Européennes des Séries TV qui se sont tenues la semaine dernière à Séries Mania, NPA Conseil s’est intéressé au marché mondial de la coproduction des séries. Entretien avec Aliette de VILLENEUVE, Responsable du pôle contenus et marketing des programmes à NPA Conseil.

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Les séries TV s’affranchissent-elles des frontières et des supports ?

Aliette de VILLENEUVE

Depuis quelques années, nous assistons à une hyper distribution des séries TV. Ce phénomène est généré à la fois par les chaînes de télévision mais aussi par de nouveaux acteurs tels que Netflix, Amazon ou Hulu. L’expansion de ces plateformes a fait prendre conscience aux professionnels qu’il était indispensable de distribuer à grande échelle les contenus. Avec la multiplication des plateformes de diffusion, les séries sont de plus en plus nombreuses à être développées pour l’international. Mais attention, il faut penser global tout en conservant un ADN local. C’est une condition nécessaire pour trouver sa place dans la multiplication de l’offre.

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N’est-ce pas antinomique d’avoir une vision locale pour une ambition internationale ? 

Aliette de VILLENEUVE

Non, au contraire. Cela doit se compléter. Les séries à vocation internationale ne doivent ressembler à aucune autre. C’est pourquoi, producteurs comme diffuseurs doivent apporter une touche de réalisme dans leurs nouvelles séries pour se différencier. C’est le cas de «Versailles» (Canal+), une production tournée en anglais mais disposant d’une «french touch». Autre exemple avec «Deutschland 83», une coproduction germano-américaine pendant la guerre froide. Il s’agit de la 1ère fiction en langue allemande diffusée sur une chaîne américaine, à savoir Sundance Channel. 

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Le marché des séries est-il l’un des secteurs les plus plébiscités ?

Aliette de VILLENEUVE

Oui, c’est une évidence. Nous le constatons dans diverses études. Médiamétrie repérait dernièrement que la fiction représentait 42% des programmes les plus regardés dans 70 territoires. En termes de diffusion, la série représente 21,3% en moyenne des grilles de programmes. Ce n’est pas négligeable. Cela correspond également à tous les atouts du genre. La série peut créer l’événement, booster les audiences, attirer les jeunes, rajeunir l’image d’une chaîne, etc.

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La circulation des séries au sein de l’Union Européenne est-elle encore limitée ?

Aliette de VILLENEUVE

Oui c’est le cas. On parle beaucoup des séries françaises qui s’exportent à l’étranger, mais ces dernières ne sont pas si nombreuses. On peut noter «Les Revenants» (115 pays), «Fais pas ci fais pas ça» (30 pays) ou plus récemment «Les témoins» vendue à Channel 4 avant sa diffusion sur France 2. En France, le taux de séries inédites se concentre sur le Prime Time tandis qu’au Royaume-Uni, elles sont diffusées sur de nombreuses tranches horaires. En 2013, les ventes de fictions françaises atteignent 31M€, huit fois moins que le Royaume-Uni qui intègre – il faut le souligner – d’autres données comme l’exploitation DVD. Les Britanniques ont un marketing un peu différent sur les chiffres. Les fictions anglaises trouvent preneurs aux Etats-Unis, au Canada et en Australie. Ce sont des pays très proches culturellement et linguistiquement. En France, nous sommes sur un marché européen différent. La Belgique acquiert beaucoup nos programmes. C’est le cas aussi pour l’Allemagne et l’Italie. Encore une fois, c’est une question de culture.