Aline MARRACHE-TESSERAUD, Directrice du département Acquisitions de fictions étrangères du groupe Canal+

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Avec l’achat de séries étrangères majeures telles que «Hostages» ou encore «House of Cards», le Groupe Canal+ poursuit depuis plusieurs années une stratégie offensive sur l’acquisition des séries étrangères. Quels sont les critères d’achats de la chaîne cryptée? Quels rapports Canal+ entretient-il avec les majors et les ayant-droits ? Autant de questions que nous avons posées à Aline MARRACHE-TESSERAUD, Directrice du département Acquisitions de fictions étrangères du Groupe Canal+.

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Comment abordez-vous l’acquisition des fictions étrangères pour le Groupe Canal+ ? 

ALINE MARRACHE-TESSERAUD

Le Groupe Canal+ demeure un acteur toujours aussi offensif dans le secteur des acquisitions. Notre rôle est de continuer à être prescripteurs de séries étrangères de qualité sur nos antennes. Nous sommes à la recherche de séries singulières et différentes mettant en avant des héros solides, parfois un peu brisés. Nous nous intéressons ainsi à des personnages forts et à des histoires feuilletonantes qui tiennent en haleine. Il nous arrive d’être tentés parfois par des intrigues un peu marginales. Et cette année, nous mettons un point d’honneur à proposer des fictions produites au-delà des frontières anglo-saxonnes. C’est le cas de la série israélienne «Hostages» dont la diffusion a débuté lundi 17 mars sur Canal+. Parmi mes coups de cœur à venir, nous aurons l’ultime saison de «24: Live Another Day». Nous la diffuserons en version multilingue, rapidement après la diffusion US. Nous mettons tout en œuvre pour rétrécir les délais. Enfin, à l’approche du prochain MipTV, nous annoncerons trois nouvelles acquisitions. La seule chose que je peux vous dire, c’est qu’il n’y aura pas que des séries US. 

MEDIA +

Les Etats-Unis, un territoire toujours aussi porteur en matière de séries TV ? 

ALINE MARRACHE-TESSERAUD

Les chaînes françaises se sont toujours intéressées aux séries américaines. Ces dernières s’exportent assez facilement et répondent à des codes culturels et sociétaux ayant un écho particulièrement familier en France. En parallèle, il y a toujours eu des séries à forte valeur ajoutée dans d’autres pays. C’est le cas de l’Israël ou de l’Allemagne. D’autres territoires commencent d’ailleurs à émerger avec des productions qui s’exportent plus facilement. Nous sommes très attentifs à tous ce qui se passe dans le monde. A Canal+, notre curiosité fait notre force. On ne s’interdit rien.

MEDIA +

Quelle est la cadence de vos achats ?

ALINE MARRACHE-TESSERAUD

Cela ne s’arrête jamais. C’est un travail continu. Certes, il y a des pics d’activités au moment des «Screenings» de Los Angeles, mais notre activité demeure constante sur le plan de la négociation et de l’évaluation. A Canal+, nous sommes amenés à négocier des «volum deal» mais aussi des achats antenne en «stand alone» tout au long de l’année.

MEDIA +

Comment se limitent vos droits de diffusion ?

ALINE MARRACHE-TESSERAUD

Chaque cas est différent. Tout dépend de la série, de ce que nous voulons en faire, et de la manière dont les ayant-droits et les producteurs l’ont appréhendée. Tous les critères de sélection sont déterminants dans notre engagement à suivre une série à vie ou non.

MEDIA +

Face à l’expansion des chaînes, les majors et les ayant-droits exercent-ils une pression sur le tarif de leur catalogue ?

ALINE MARRACHE-TESSERAUD

Le marché de la vente des séries a toujours beaucoup évolué. Au fil du temps, le secteur a atteint un niveau transactionnel très élevé du fait de l’intérêt porté au genre de la série. Le nombre de diffuseurs a augmenté tout comme le volume des productions. Du coup, il y en a pour à peu près tout le monde. 

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Quelles sont les plus fortes tendances que vous observez dans le secteur des séries à l’international ? 

ALINE MARRACHE-TESSERAUD

Les séries de 22 épisodes sont de moins en moins nombreuses. Les producteurs et les diffuseurs prennent de moins en moins de risques. Les chaînes du câble proposent désormais des séries entre 10 et 13 épisodes par saison. Cela risque de devenir assez systématique. En parallèle, certains networks décident de mettre à l’antenne des séries inédites de 13 épisodes durant l’été, ce qui n’était pas le cas auparavant. Proposer des séries avec un moins grand nombre d’épisodes permet de faire plus de place pour d’autres styles de fictions. Enfin, concernant les tendances propres aux séries, nous attendons d’avoir la vision des «LA Screenings» en mai prochain.