Amazon poursuit son redressement

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Amazon a signé, comme ses grands concurrents, un 1T supérieur aux attentes, qui confirme le redressement de la trajectoire du groupe, dans un contexte économique difficile, qui incite les dirigeants à rester vigilants sur les coûts. Sur la période de janvier à mars, le chiffre d’affaires a atteint 127,3 milliards de dollars, en hausse de 9% sur un an et sensiblement au-delà des 124,6 milliards attendus par les analystes. Après avoir initialement salué la publication dans les 1ers échanges électroniques postérieurs à la clôture, Wall Street a finalement corrigé le tir et mis le titre sous pression. Il cédait plus de 2% après avoir gagné plus de 10%. La place new-yorkaise a relevé la prévision de chiffre d’affaires d’Amazon pour le 2T, soit une fourchette comprise entre 127 et 133 milliards de dollars, légèrement meilleure que les projections des analystes, qui tablent sur 129,8 milliards. Au 1T, la croissance du c.a. est venue du cloud, via la filiale dédiée Amazon Web Services (AWS), qui a vu ses revenus augmenter de 16% sur un an, hors effets de change, même si cette progression témoigne d’un ralentissement. D’un trimestre à l’autre, le c.a. d’AWS s’est même légèrement tassé (-0,1%). «Les clients continuent à chercher des moyens d’optimiser leurs dépenses dans le cloud pour faire face aux conditions économiques difficiles», a expliqué le directeur financier, Brian Olsavsky. Le dirigeant a révélé que la croissance de l’informatique à distance en avril avait connu un taux de croissance inférieur de 5 points de pourcentage à celui du premier trimestre, déjà en décélération. Autre fait saillant: le dynamisme de la publicité, dont les revenus ont grimpé de 21%, un rythme comparable à celui des trimestres précédents. «Cette performance plus solide que prévu des deux centres de profit clés que sont AWS et la publicité indique que l’entreprise pourrait avoir redressé la barre», a commenté Andrew Lipsman, analyste du cabinet Insider Intelligence. Ces chiffres compensent la croissance nulle des ventes en ligne, qui piétinent depuis plus d’un an. Par ailleurs, «les mesures d’économie récentes semblent produire des améliorations de la rentabilité», a constaté Andrew Lipsman. Amazon a notamment décidé de supprimer 27.000 postes au total. Fin mars, les effectifs du groupe étaient 10% inférieurs à ceux de la même période de l’an passé, à 1,46 million d’employés. «Nous faisons des progrès pour modifier notre structure de coûts et la ramener à ses niveaux d’avant la pandémie», a décrit Brian Olsavsky, évoquant notamment la refonte du maillage des services de livraison d’Amazon afin d’optimiser les déplacements. «Les marges restent sous pression, (…) et nous pensons que, de ce fait, Amazon va continuer à donner la priorité à l’efficience et le retour sur investissement, et rompre avec l’ancienne philosophie qui consistait à se lancer dans une multitude de projets différents», a réagi Neil Saunders, analyste de GlobalData. Le bénéfice net de l’entreprise a atteint 3,1 milliards de dollars au 1T, contre une perte nette de 3,8 milliards sur la même période de l’an passé. Rapporté par action, donnée scrutée par le marché, le bénéfice est de 31 cents, bien au-dessus des 21 cents annoncés par les analystes. «Pour la 1ère fois depuis plusieurs trimestres, Amazon semble enfin avoir un peu le vent dans le dos», selon Andrew Lipsman.Lors de la conférence téléphonique, le directeur général Andy Jassy a vanté les investissements massifs d’Amazon dans l’IA, que tout le monde a à la bouche depuis le lancement de l’interface ChatGPT, en novembre. «Les modèles de langage (qui permettent de générer des contenus) nécessitent des années à bâtir et des milliards de dollars» d’investissement, a fait valoir le responsable. «Et il n’y aura qu’un petit nombre d’entreprises prêtes à investir autant de temps et d’argent, parmi lesquelles Amazon».