Bruxelles met en garde Meta sur la désinformation

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Bruxelles a mis en garde Meta (Facebook, Instagram) mercredi concernant une recrudescence de fausses informations et a sommé son patron, Mark Zuckerberg, de communiquer ses mesures pour y remédier, au lendemain d’un avertissement similaire à X (ex-Twitter). Cet avertissement concerne des publications «suite aux attaques terroristes du Hamas contre Israël, et de la désinformation dans le contexte des élections dans l’UE», avant des législatives en Pologne dimanche et un scrutin européen au printemps prochain, a expliqué le commissaire européen au Numérique, Thierry Breton, dans un message sur Bluesky, rival de X.

«Nous avons eu connaissance de rapports faisant état d’un nombre important de «deep fakes» et de contenus manipulés qui ont circulé sur vos plateformes et dont quelques-uns apparaissent encore en ligne», a écrit le commissaire, dans une lettre à M. Zuckerberg, également postée sur Bluesky. Comme il l’avait fait la veille pour Elon Musk, le patron de X, Thierry Breton a rappelé les obligations en matière de modération des publications et de retrait des contenus illégaux qui découlent de la nouvelle législation européenne sur les services numériques (DSA) entrée en vigueur fin août. Vidéos humiliantes d’otages, corps décapités, assassinat filmé… Les réseaux sociaux ont été inondés d’images violentes mais aussi de tentatives de désinformation, depuis les attaques menées samedi par le Hamas, un défi pour toutes les plateformes. Mais la situation de X semble plus problématique. Bruxelles s’était inquiété fin septembre du taux de désinformation sur X, épinglant ses mauvais résultats par rapport aux réseaux concurrents lors de tests. Après son rachat de Twitter l’an dernier, Elon Musk a procédé à une vague massive de licenciements qui a décimé ses équipes de modération. Le milliardaire réaffirme régulièrement sa vision de la liberté d’expression, refusant toute «censure», même s’il assure que la plateforme respecte les lois de chaque pays en la matière. Le ministre allemand du Numérique Volker Wissing a lancé de son côté «un appel à Elon Musk et à tous les opérateurs pour qu’ils suppriment les comptes qui glorifient la terreur, appellent à la destruction d’Israël et à la violence contre les juifs». «Arrêtez la diffusion de vidéos barbares et de fausses informations incendiaires», a-t-il réclamé. Comme un pied de nez à Elon Musk, Thierry Breton a annoncé mercredi matin son arrivée sur le réseau social rival Bluesky. Il a laissé entendre par un jeu de mots que Bluesky («Ciel bleu») pouvait être plus vertueux. «Bonjour! Même si l’herbe n’est pas (toujours) plus verte de l’autre côté, le ciel est parfois… plus bleu. Restons en contact!», a-t-il écrit dans un message sur X, accompagné d’une image de son profil Bluesky. «On sent qu’il y a moins de monde – mais c’est plus humain – sans tous ces robots (bots)», a-t-il posté plus tard. Ce nouveau réseau a été créé par le cofondateur de Twitter, Jack Dorsey. Déjà très populaire dans la Silicon Valley, il est toujours en phase de développement et n’est accessible que sur invitation. Bluesky ressemble visuellement et en pratique à Twitter, car ses concepteurs souhaitent que les transfuges ne soient pas dépaysés. Thierry Breton avait menacé mardi soir le réseau social X de sanctions, sommant son patron Elon Musk de rendre des comptes sous 24 heures sur la circulation de fausses informations et d’images violentes liées au conflit Israël-Hamas. «À la suite des attaques terroristes menées par le Hamas contre Israël, nous disposons d’indications selon lesquelles votre plateforme est utilisée pour diffuser des contenus illégaux et de la désinformation dans l’UE», avait-il écrit.