Canneséries fait le plein sur la Croisette

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Le tapis n’est pas rouge mais rose vif,
foulé par des vedettes du petit écran
et des quidams faisant des selfies.
A Cannes, un mois avant le grand
rendez-vous annuel du 7ème Art, on
célèbre depuis vendredi soir les séries
en jouant la carte décontractée. Malgré
un dress code décrit comme «creative
chic», Virginia Fernandez, 32 ans,
a sorti la robe de cocktail pour la
projection de «Vernon Subutex», avec
Romain Duris, présentée en ouverture
du festival Canneseries. «Accro» aux
séries, comme son compagnon Ernesto
(ils regardent un épisode chaque soir),
elle vient, depuis la première édition
du festival l’an dernier, découvrir sur
grand écran de nouvelles séries dans
l’enceinte du Palais des festivals.
«Ce qu’on aime, c’est qu’il n’y a pas
que des séries américaines. L’année
dernière, on a beaucoup aimé la
série israélienne «Miguel»» (depuis
vendredi sur Canal+ Series), explique
cette fan de «La Casa del papel» et de
«True detective». «C’est un festival
plus cool, plus accessible, on peut
facilement interagir avec les gens»,
renchérit Ernesto, qui a rencontré
l’an dernier Sandra Oh, vedette des
séries «Grey’s anatomy» et «Killing
Eve». Là ou le Festival de Cannes se
montre assez strict, recommandant le
port de tenues de soirée et interdisant
les selfies pendant la montée des
marches, Canneseries ne s’embarrasse
pas de protocole. Sur le tapis, c’est
le mélange des genres, avec Roman
Duris, très élégant en veste à paillettes
dessinée par Hedi Slimane, côtoyant
Philippe Rebbot, également à l’affiche
de «Vernon», arborant casquette
et chemise hawaïenne. Présidé par
l’ancienne ministre de la Culture
Fleur Pellerin, Canneseries s’appuie
ouvertement sur les codes cannois,
tout en y injectant une touche pop et
décalée, à l’image du tapis rose et du
palmier fluo en guise de récompense.
«Raconter des histoires» : Comme
le mythique festival de cinéma,
Canneseries a sa montée des marches,
ses projections au Palais des festivals,
sa compétition officielle, son jury, ses
fêtes et sa cérémonie de clôture en
clair sur Canal+. «On a un tapis, une
montée des marches, 1.600 personnes
dans l’auditorium et la présence de
Pierre Lescure», président du festival
de Cannes, se félicite ainsi le maire
David Lisnard (LR). «Sa présence est
un encouragement», a ajouté l’édile
lors de la cérémonie d’ouverture.
Si Canneseries (jusqu’au 10 avril)
débute, il témoigne, comme son
concurrent Séries Mania à Lille, de la
force d’attraction des séries, à l’heure
où les plateformes de streaming se
multiplient. «Les spectateurs veulent
suivre des personnages pendant plus
de deux heures», estime l’actrice
Emma Mackey, révélée dans «Sex
Education» et membre du jury. «Je
viens du cinéma, j’ai réalisé des
films» avant de découvrir les séries,
souligne Baran bo Odar, président du
jury et créateur de la série «Dark».
«Je crois que c’est l’avenir et que la
façon de raconter des histoires est en
train de changer. Ce qui ne change
pas est qu’on veut toujours raconter
des histoires». Canneseries a accueilli
20.000 participants l’an dernier.
Adossé au MIPTV, il bénéficie de la
force de frappe du rendez-vous de
l’industrie mondiale de la télévision et
de ses 400 journalistes accrédités.Et
si les paparazzi et chasseurs d’images
seront évidemment autrement plus
nombreux dans quelques semaines
pour l’incontournable Festival de
Cannes (4.500 accrédités l’an dernier
pour 200.000 spectateurs), la Croisette
accueille déjà des curieux pour les
séries