César 2020 : «Les Misérables» parmi les favoris

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L’Académie des César dévoile mercredi les nominations pour les principales récompenses du cinéma français, avec «Les Misérables» parmi les favoris de cette 45ème édition, qui pourrait voir renaître la polémique Polanski si son «J’accuse» est en lice. La remise des statuettes aura lieu le 28 février salle Pleyel à Paris. Les nominations sont dévoilées lors d’une conférence de presse ce mercredi matin à Paris. Film coup de poing sur les banlieues, «Les Misérables» de Ladj Ly, en course pour l’Oscar du meilleur film étranger, devrait figurer en bonne position dans les nominations. Récompensé par le prix du jury à Cannes, ce long métrage, qui raconte l’histoire d’une bavure dans une cité sensible de Seine-Saint-Denis, est attendu dans plusieurs catégories, dont celle du meilleur film. Il pourrait y côtoyer notamment «Grâce à Dieu» de François Ozon, Grand prix du jury à Berlin, sur la pédophilie dans l’Eglise catholique, qui raconte la naissance de l’association de victimes «La Parole Libérée», fondée à Lyon en 2015 par d’anciens scouts abusés par l’ex-prêtre Bernard Preynat. «Portrait de la jeune fille en feu» de Céline Sciamma, histoire d’amour interdite entre 2 femmes aux destins opposés au XVIIIe siècle, pourrait également être dans la course, tout comme «Hors normes» d’Eric Toledano et Olivier Nakache sur des associations venant en aide à de jeunes autistes. Mais les regards seront aussi tournés vers le «J’accuse» de Roman Polanski, thriller historique avec Jean Dujardin, récompensé par le Grand prix du jury à Venise. Le film du cinéaste franco-polonais a connu une sortie mouvementée en France, alors que Polanski, toujours poursuivi par la justice américaine dans le cadre d’une procédure pour détournement de mineure lancée en 1977, est visé par une nouvelle accusation de viol de la Française Valentine Monnier. S’il est nommé aux César, cela ne devrait pas manquer de relancer la polémique sur le cinéaste, que les féministes n’acceptent plus de voir honorer. Il avait dû renoncer en 2017 à présider les César sous leur pression. Certaines voix, comme celle de l’actrice Lou Roy Lecollinet, s’étaient déjà élevées en décembre pour dénoncer la pré-sélection du film pour les César techniques. «C’est un problème, grave», avait-elle souligné sur Twitter tandis qu’une pétition, lancée par le collectif «J’accuse Polanski», avait demandé à l’Académie de disqualifier le réalisateur. Cette polémique n’a été que l’une de celles qui ont éclaboussé ces dernières semaines les organisateurs des César, également sous le feu des critiques pour l’opacité de leurs choix. La Société des réalisateurs de films (SRF) a ainsi dénoncé mi-janvier «un grave problème de fonctionnement» dans l’organisation de l’Académie des César, affirmant que celle-ci avait refusé notamment que la romancière Virginie Despentes soit la marraine de l’un des pré-sélectionnés pour les espoirs masculins, Jean-Christophe Folly. Le Syndicat des producteurs indépendants (Spi) a appelé de son côté aussi à «plus de transparence et de modernité». Le président de l’Académie des César Alain Terzian s’est défendu de son côté, évoquant dans «Le Parisien» «une suite de malentendus». L’an dernier, les César avaient couronné le film choc sur les violences conjugales «Jusqu’à la garde» de Xavier Legrand, et les acteurs Alex Lutz et Léa Drucker. Cette année, Adèle Haenel ou Noémie Merlant dans «Portrait de la jeune fille en feu», Karin Viard dans l’inquiétant «Chanson douce» ou Ariane Ascaride dans «Gloria Mundi» de Robert Guédiguian pourrait notamment prétendre à succéder à Léa Drucker. Du côté des acteurs, Vincent Cassel dans «Hors normes», Guillaume Canet dans le drame paysan «Au nom de la terre», Daniel Auteuil en homme désenchanté et nostalgique dans «La Belle époque», ou Roschdy Zem en commissaire charismatique dans «Roubaix, une lumière» font partie des noms évoqués.