Comptabiliser le temps de parole des éditorialistes? «Casse-cou et danger», met en garde le président de l’Arcom

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Faut-il comptabiliser le temps de parole des journalistes et des éditorialistes sur les radios et chaînes de télévision ? «Je crie casse-cou et danger», a déclaré Roch-Olivier Maistre, président de l’Arcom, le régulateur des médias, dimanche sur France 5.

«Les éditorialistes, c’est des journalistes, ils ont des cartes de presse. Jusqu’à nouvel ordre, je ne connais pas d’autorité administrative dans une démocratie qui commence à contrôler les journalistes», a affirmé le numéro un de l’Arcom sur le plateau de l’émission «C médiatique». «Cela relève de la liberté éditoriale d’une chaîne» a rappelé le haut-fonctionnaire.

M. Maistre était interrogé sur le respect du pluralisme politique par la chaîne CNews, dont une partie des éditorialistes sont connus pour leur positionnement à droite, à l’image d’Eric Zemmour, ancien polémiste de la chaîne devenu chef du parti d’extrême droite Reconquête!.

«Cette règle-là», au sens de la loi de 1986 relative à la liberté de communication, «est respectée» par CNews, a indiqué M. Maistre. «Ça, vraiment, je mets en garde, je l’ai dit de nombreuses fois au Parlement – le législateur fera ce qu’il voudra, bien évidemment – mais commencer à vouloir comptabiliser des journalistes et des éditorialistes, je crie «casse-cou et danger»», a-t-il ajouté. Le président de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) a ensuite estimé que certaines saisines déposées par les auditeurs ou téléspectateurs reflétaient «une forme d’intolérance» ambiante.

Et ce dernier de donner pour exemples des saisines sur une chanson caustique d’un humoriste de France Inter tournant en dérision Jésus-Christ ou un épisode du feuilleton «Plus belle la vie» dans lequel des actrices évoquaient leur souhait de recourir à la gestation pour autrui (GPA).

«Ce n’est pas massif comme saisines. Mais voilà, un éditorialiste ne vous plaît pas, un humoriste ne vous plaît pas, un feuilleton ne vous plaît pas, on saisit l’Arcom et l’Arcom doit immédiatement couper des têtes. Non, ce n’est pas comme ça que ça fonctionne», a-t-il rappelé.

Le rôle du régulateur est aussi «de prendre du recul, de la distance», a-t-il développé. En matière d’humour comme de création, «le régulateur, bien évidemment, a une position de tolérance extrêmement grande et pas du tout de censeur», a défendu Roch-Olivier Maistre.