Contrefaçon audiovisuelle/ visionnage : bond en 2013

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Près d’un tiers des internautes (28,7%) a consulté au moins une fois par mois un site de piratage de séries ou de films en 2013 et leur nombre a atteint un niveau record depuis 2009, révèle une étude publiée mercredi par l’Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle (ALPA). 

En 2013, 13,2 millions d’individus ont consulté chaque mois au moins un site dédié à la contrefaçon audiovisuelle, soit 15,8% de plus qu’en 2009, selon cette étude qui exclut YouTube et DailyMotion. Leur nombre, qui avait un peu régressé en 2011-2012 à environ 12,4 millions d’internautes, a nettement augmenté en 2013. Ils utilisent soit le téléchargement en P2P (entre internautes), pour 29% des pages vues, soit le téléchargement par DDL (depuis un serveur), pour 33%, ou encore le streaming (38%). Le streaming (visionnage immédiat), qui nécessite un flux internet haut débit, ne cesse de gagner du terrain depuis 2009 où il ne représentait que 16% des pages vues. Pour les films, les internautes préfèrent utiliser le téléchargement, pour avoir une meilleure qualité d’image. En revanche, pour les séries, ils favorisent le streaming, dont les audiences fluctuent au gré des sorties. Le nombre de vidéos vues en streaming a atteint entre 10 et 35 millions par mois en 2013. Le téléchargement de fichiers est plus confidentiel : par rapport aux internautes moyens, ceux qui ont recours à cette méthode sont en majorité des hommes (58%) et un peu plus jeunes que la moyenne des internautes. En revanche le streaming attire des pirates très différents : ils s’agit majoritairement de femmes (55%), la part des jeunes est nettement plus importantes (près d’1/3 des utilisateurs ont entre 15 et 24 ans) et la part des étudiants (17%) y est 2 fois plus importante que chez l’ensemble des internautes. En 2013, 2 à 3 millions de personnes par mois ont regardé une série en streaming, et 1,4 à 1,8 million par mois ont vu un film en streaming. Quelles que soient les méthodes, les plus de 50 ans sont des sous-utilisateurs, ne constituant que 15 à 21% des sites pirates alors qu’ils représentent 34% des internautes. L’étude relève que lorsque l’Hadopi avait lancé des actions de «riposte graduée» en 2011, avec des courriels d’avertissement aux internautes qui partageaient illégalement des fichiers, le nombre de mises à disposition des 10 films les plus populaires sur les réseaux P2P en 2011 avait été divisé par 3. Depuis, leur nombre reste stable, entre 1,2 et 2 millions de fichiers mis à disposition par mois en P2P. Cette étude, réalisée par Médiamétrie en partenariat avec le Centre national du Cinéma et l’institut TMG, a mesuré l’utilisation de 281 sites dédiées au piratage audiovisuel, hors téléphones mobiles et tablettes. En réaction mercredi soir, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti n’a cité dans un communiqué que la nécessité de lutter contre le «piratage commercial» et ne  mentionne pas le rôle de l’Hadopi, dont le sort est en suspens depuis des mois. La haute autorité anti-piratage tourne d’ailleurs au ralenti depuis des mois, incertaine sur son avenir, le gouvernement ayant envisagé de transférer ses compétences au CSA mais sans prendre aucune décision. L’Hadopi vient même de fonctionner plus de six mois sans organe dirigeant au complet: le gouvernement a finalement nommé mardi les 3 membres du collège qui lui manquaient. La semaine dernière, l’Hadopi avait menacé le gouvernement d’une action en justice si le décret de nomination n’était pas publié. Les 3 nouveaux membres sont Denis Rapone, ex-membre de l’Arcep, Bernard Tranchand, vice-président de l’UNAF et Alain Lequeux, secrétaire général adjoint du Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes.