Corruption en Irak: le géant suédois des télécoms Ericsson provisionne 220 M USD pour des amendes américaines

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Visé par deux enquêtes des autorités américaines, le géant suédois des télécoms Ericsson a annoncé jeudi avoir provisionné quelque 220 millions de dollars pour de possibles amendes dans un dossier de corruption en Irak, impliquant notamment l’organisation État Islamique.

Ericsson précise toutefois qu’il «n’est pas parvenu à un accord avec le ministère américain de la Justice (DoJ) au sujet de ces violations présumées et (que) les discussions se poursuivent» pour résoudre le litige.

La provision sera passée dans ses comptes du quatrième trimestre publiés d’ici la fin du mois, indique le groupe dans un communiqué de presse.

Le montant de la provision a semblé rassurer les investisseurs, dans cette affaire qui plombe l’équipementier en réseaux de télécommmunication depuis de nombreux mois: vers 13h20 GMT à la Bourse de Stockholm, l’action Ericsson gagnait plus de 6%, à 67,66 couronnes.

L’affaire avait éclaté en février 2022 en amont de la publication d’une vaste enquête de presse coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ). Celle-ci a contraint Ericsson à rendre publiques les conclusions d’une enquête interne datant de 2019, identifiant des faits de possible corruption dans les activités irakiennes du groupe au cours des huit années précédentes.

L’enquête interne évoque notamment des versements suspects pour du transport routier dans des zones contrôlées par l’organisation État islamique, suspectés d’avoir fini dans les poches du groupe jihadiste lorsqu’il contrôlait une partie du territoire irakien.

Mi-avril, Ericsson avait jugé «probables» de nouvelles amendes prononcées par le ministère américain de la Justice, dont la compétence universelle dans de nombreux domaines lui permet des poursuites contre nombre de groupes étrangers.

Outre le DoJ, il est également visé par une enquête du gendarme boursier américain, la SEC, ainsi que de la justice suédoise.

Cette affaire inquiète les investisseurs car Ericsson a un passif en la matière.

En décembre 2019, le groupe avait déjà payé un milliard de dollars à la justice américaine pour clore des poursuites de corruption dans cinq autres pays (Djibouti, Chine, Vietnam, Indonésie et Koweït), dans le cadre d’un accord transactionnel («Deferred prosecution agreement»).