Dominique JUBIN (Canal+) : «Les séries locales trouvent une résonance à l’international»

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Dominique JUBIN, Directrice Adjointe de la Fiction et des Coproductions Internationales de Créations Originales de CANAL+

Actuellement en diffusion sur CANAL+, la série française «Baron Noir» décrypte avec précision le fonctionnement du monde politique français. Dotée d’un budget de 12 millions d’euros pour huit épisodes de 52’, la création originale produite par Kwaï Productions est le miroir de l’ambition de la chaîne cryptée en matière de fictions. Pour en savoir davantage, média+ s’est entretenu avec Dominique JUBIN, Directrice Adjointe de la Fiction et des Coproductions Internationales de Créations Originales de CANAL+.

MEDIA +

Quel est le mot d’ordre de CANAL+ en matière de créations originales ?

DOMINIQUE JUBIN

Ne jamais donner l’impression de se répéter. C’est l’une de nos lignes directrices. Nous ne voulons pas refaire les mêmes choses. Nous tentons d’être à la fois variés et divers dans les projets initiés, tout en explorant de nouveaux territoires, genres et types de narration.

MEDIA +

Les unitaires politiques continuent-ils à se tarir ? 

DOMINIQUE JUBIN

Les unitaires politiques de 90’ lancés ces dernières saisons partaient de faits réels, s’intéressaient à un moment de l’histoire et reconstituaient la chaîne d’évènements au plus proche des faits. Nous considérons que ce modèle se tarit. C’est pourquoi nous en développons un peu moins.

MEDIA +

Pourtant, «Baron Noir», actuellement diffusée sur CANAL+, s’inscrit comme une série politique à part entière ?

DOMINIQUE JUBIN

Le traitement d’une série politique est totalement différent d’un unitaire. Avec «Baron Noir» (8X52’), nous sommes définitivement dans le domaine de la fiction alors que la série s’inscrit dans la politique française contemporaine. Il existe une grande familiarité avec ce que l’on connaît – à travers les médias – de la politique. En l’occurrence, la 1ère saison se focalise sur un certain nombre de personnages fictifs appartenant au parti socialiste. «Baron Noir» est extrêmement documentée. Tout ce qui s’y passe est plausible. Notre souhait a été de proposer la série la plus réaliste possible en entrant dans l’intimité d’un personnage politique, Philippe Rickwaert, incarné par Kad Merad.

MEDIA +

CANAL+ a-t-elle toujours une ambition internationale quand bien même ses fictions traitent de sujets locaux ? 

DOMINIQUE JUBIN

Les séries locales se mettent vraiment à voyager. C’est le cas de productions comme «Borgen» au Danemark, ou encore «Bron» en Suède. Ces fictions s’exportent bien parce qu’elles trouvent une résonance qui va bien au-delà de ce dont elles parlent localement.

MEDIA +

Ce qui n’était pas le cas il y a dix ans…

DOMINIQUE JUBIN

Ce n’était pas le cas pour les séries françaises ! Entre-temps, nous nous sommes améliorés. Les standards d’écriture et de qualité de production ont évolué. Ils sont bien supérieurs à il y a dix ans. Des séries locales peuvent donc voyager sans problème. Un public américain peut les voir sans les trouver «cheap». Chez CANAL+, nous travaillons pour la case du lundi en Prime Time. A une heure de grande écoute, nous faisons en sorte de bien financer nos séries avec des apports conséquents.

MEDIA +

Qu’avez-vous appris de la série «Versailles» ? 

DOMINIQUE JUBIN

C’est un beau succès d’image et d’audience. La 2ème saison est en cours de tournage. J’espère qu’elle sera aussi bien, voire meilleure que la 1ère. C’est bien la preuve que la France possède de belles marques, qui n’appartiennent qu’à elle, et qui peuvent rayonner dans le monde entier. Nous regorgeons d’idées pour la suite. Notre implication dans les coproductions internationales ne signifie pas que nous cesserons pour autant les séries franco-françaises. On a encore beaucoup de choses à imaginer.

MEDIA +

Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

DOMINIQUE JUBIN

Il y a des genres ou des mélanges de genres que l’on veut aborder. Après avoir travaillé sur du thriller et du polar noir avec des séries comme «Braquo» ou «Engrenages», nous sommes aujourd’hui très intéressés par la comédie. Nous avons à notre actif «Platane» et «Kaboul Kitchen», mais nous aimerions lancer plus de marques. Ce qui définit le format, c’est le sujet. On peut imaginer de la comédie en 26’ et en 52’. Rien n’est impossible.

MEDIA +

Est-il vrai que le degré d’implication de CANAL+ soit particulièrement fort dans le développement des séries ?

DOMINIQUE JUBIN

C’est vrai. Notre implication est forte. Mais pour avoir travaillé avec des étrangers comme Sky (sur la série «Tunnel» qui reviendra bientôt en saison 2), c’est une manière de faire qui est tout-à-fait normale et normée.