Données personnelles : Facebook décide de limiter les possibilités de faire certaines recherches

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Données personnelles : Facebook décide de limiter les possibilités de faire certaines recherches 

Critiqué pour sa gestion des données personnelles de ses usagers, Facebook a décidé de limiter les possibilités de faire certaines recherches poussées sur la plateforme. Mais cette décision fait aussi des mécontents: les journalistes et ONG qui se servaient de cet outil pour enquêter. 

Le réseau social a annoncé cette semaine suspendre certaines fonctions de son moteur de recherche «Graph Search», qui permet par exemple à un utilisateur de savoir qui dans sa liste d’amis est amateur de tel groupe de musique ou vit dans telle ville. 

Même s’il ne permettait d’accéder qu’à des données publiques librement divulguées par les utilisateurs, cet outil avait dès son lancement en 2013 été très critiqué. 

Dans sa version avancée, il permettait en effet d’accéder facilement à une multitude de données et de contenus sur les usagers («likes», commentaires, etc), laissant la porte ouverte à des abus, notamment au «stalking», le fait de traquer des gens pour les surveiller. 

Même si ces fonctionnalités restaient largement méconnues du grand public, des sites avaient fleuri aux quatre coins d’internet pour exploiter facilement le «Graph Search» de Facebook. 

L’un d’entre eux, stalkscan.com, indique sur sa page d’accueil que depuis le 6 juin, on ne peut plus y chercher photos, posts ou «likes» que sur son propre profil, en raison des changements opérés par Facebook. 

«Fact-checkers» : Même chose pour peoplefindthor.dk, qui permettait de rechercher des profils selon l’âge, l’emploi, les idées politiques… et qui est désormais «indisponible». 

Mais si les défenseurs de la vie privée peuvent saluer la décision de Facebook, elle lui vaut aussi de nouvelles salves de critiques venant de journalistes, de militants des droits humains et autres chercheurs qui se servaient de ces outils pour repérer des criminels de guerre ou des personnes se livrant à la traite d’êtres humains. 

Ironie du sort, alors que le réseau social est vilipendé pour sa gestion jugée laxiste et opaque des données personnelles de ses usagers, le site stalkscan.com lui reproche d’avoir rendu ««Graph Search» moins transparent»… «Nous avons mis en pause certains aspects de «Graph Search» en fin de semaine dernière (…) et nous discutons avec les chercheurs pour en savoir plus sur la façon dont ils utilisaient cet outil», a indiqué Facebook dans un courriel. 

Autre paradoxe, ces instruments étaient utiles aux «fact-checkers» externes ayant noué un partenariat avec Facebook. 

Le réseau social a fait de «la vérification des faits» un axe majeur de lutte contre les infox et manipulations qui pullulent sur sa plateforme. 

Ces limitations rendent plus difficile la recherche de publications sur des sujets allant des crimes de guerre au mouvement anti-vaccins, explique Jennifer Grygiel, spécialiste des réseaux sociaux à l’Université de Syracuse (est).