Emma Stone, favorite d’Hollywood

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Emma Stone a confirmé dimanche son statut de favorite d’Hollywood en remportant de nouveau l’Oscar de la meilleure actrice grâce à son rôle de Frankenstein au féminin dans «Pauvres Créatures». A 35 ans, l’Américaine a notamment battu celle qui avait la faveur des pronostics, Lily Gladstone («Killers of the Flower Moon»), pour rejoindre le cercle fermé des comédiennes ayant obtenu deux fois la récompense suprême, aux côtés de légendes comme Meryl Streep, Jane Fonda ou Jodie Foster. «Merci pour ce cadeau d’une vie qu’est (le personnage de) Bella Baxter. Je t’en serai à jamais reconnaissante», a déclaré, sur scène, une Emma Stone très émue à l’attention du réalisateur grec Yorgos Lanthimos. Elle avait déjà été primée en 2017 pour son rôle de jeune actrice en quête de gloire dans «La La Land». Dans «Pauvres Créatures», elle prête ses grands yeux turquoise à un personnage bien plus osé. Ce conte baroque la voit incarner Bella Baxter, une suicidée ressuscitée par un scientifique foldingue, qui lui implante le cerveau du bébé qu’elle portait en elle. Enfant coincée dans un corps d’adulte, cette créature extraordinaire découvre les mille plaisirs de la vie, sans aucune honte, ni préjugés. L’occasion pour Emma Stone de livrer une performance joyeusement régressive: Bella manifeste un appétit insatiable pour le sexe, mange à en vomir des pasteis de nata, célèbres pâtisseries portugaises, danse de manière loufoque et balance tout ce qui lui passe par la tête, qu’importe la bienséance. Mais plus elle mûrit, plus son émancipation se heurte aux hommes, inlassablement séduits par son anticonformisme et désireux de la posséder. Le film, sur lequel elle est productrice, cimente sa collaboration avec le réalisateur Yorgos Lanthimos, rencontré en 2015. Le Grec l’a propulsée en domestique ambitieuse et séductrice à la cour de la reine Anne d’Angleterre, dans «La Favorite». Une performance saluée par une nomination pour l’Oscar du meilleur 2nd rôle en 2019. L’Américaine est une «actrice incroyable», autant intéressée par des petits projets que des blockbusters hollywoodiens, confiait Yorgos Lanthimos au quotidien britannique «The Guardian» en décembre. Le duo a aussi tourné un court-métrage et travaille déjà sur 2 autres films. Née en 1988 en Arizona, Emily Jean Stone – son vrai nom – a d’abord été couronnée par Hollywood comme une «girl next door», cet archétype de l’héroïne tirée de la vie de tous les jours. Un genre qui semblait coller à son caractère volubile et son histoire personnelle. Très jeune, elle découvre la comédie comme moyen de calmer ses angoisses maladives. A 14 ans, elle fait une présentation vidéo pour convaincre ses parents de la laisser arrêter le lycée et emménage avec sa mère à Los Angeles pour faire carrière. Elle cumule alors auditions, études par correspondance et un petit boulot dans une boulangerie pour chiens. Puis perce sur grand écran avec des comédies déjantées comme «SuperGrave» (2007) et «Bienvenue à Zombieland» (2009). Sa carrière explose véritablement en 2011 avec des comédies romantiques comme «Crazy, Stupid, Love» ou «La couleur des sentiments». Woody Allen lui en propose d’autres – «Magic in the Moonlight» (2014), «L’homme irrationnel» (2015) -, pendant qu’elle s’affiche en petite amie de super-héros dans la saga «The Amazing Spider-man». Elle obtient en parallèle sa 1ère nomination aux Oscars, grâce à son rôle d’ex-droguée et fille en colère d’un metteur en scène dans «Birdman» (2014). Mais c’est la comédie musicale «La La Land» qui consacre son ascension. Comme un clin d’oeil à sa propre trajectoire, elle y incarne une jeune première à la conquête d’Hollywood, avec chansons et numéros de claquettes à la clé. Mariée à l’humoriste Dave McCary et maman depuis 2021, l’actrice semble désormais en recherche de rôles plus inattendus. Elle s’est récemment amusée dans le costume de «Cruella» (2021), et s’affiche actuellement dans la série «The Curse», en bourgeoise blanche hypocrite qui s’essaie à la philanthropie.