Entretien avec Alain MEAR, Membre du CSA

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Les six nouvelles chaînes ont annoncé des objectifs ambitieux en matière d’audience malgré des moyens parfois limités. Ces nouvelles entrantes s’inscrivent-elles dans la complémentarité du PAF selon le CSA ?
Alain MEAR
Absolument ! Nous les avons sélectionnées pour cela. Ces nouvelles chaînes s’inscrivent dans le prolongement naturel de l’élargissement de l’offre, induit par le passage au tout numérique. D’autre part, il s’agit d’une mise à niveau européenne car tous les autres pays proposent plus de 25 chaînes gratuites. Compte tenu des conjonctures difficiles, nous avons souhaité donner à ces nouvelles entrantes toute leur chance en choisissant des thématiques complémentaires. Enfin, nous pensons qu’elles vont monter en puissance tranquillement.
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Selon un sondage réalisé par Médiamétrie, seuls 50,2% des Français sont au courant de l’arrivée des six nouvelles chaînes aujourd’hui. Est-ce inquiétant ?
Alain MEAR
Ce pourcentage – que je connais – m’étonne. Peut-être que les gens banalisent un peu l’arrivée des six nouvelles chaînes qui est un chantier de moindre envergure par rapport à celui du passage au tout numérique. Pour autant, il faut savoir qu’il y aura de nouvelles campagnes de communication déployées phase par phase dans l’Hexagone. A leur lancement, les six chaînes ne seront accessibles que pour 25,6% de la population qui reçoit la TNT via leur antenne râteau. C’est seulement en juin 2015 que 97,3% des habitants seront en mesure de recevoir l’ensemble des six nouvelles chaînes.
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Pourquoi ce déploiement par phases ? Est-ce pour des raisons techniques ?
Alain MEAR
Non ce n’est pas pour des raisons techniques. Nous nous étions faits la main sur le passage au tout numérique. Le déploiement phase par phase, c’est uniquement pour des raisons économiques. Nous laissons ainsi plus de temps (30 mois) et plus d’espace entre les phases pour permettre aux chaînes de négocier leur coût de diffusion, qui représente plus d’1/3 du budget des nouvelles chaînes.
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Selon M6 et TF1, l’arrivée des six nouvelles chaînes va asphyxier le marché publicitaire. Entendez-vous leurs inquiétudes ?
Alain MEAR
Bien sûr. Le CSA est très ouvert et n’est pas borné. La situation économique n’est jamais bonne, cela fait 40 ans que ça dure. Il y a d’un côté la thèse du gâteau publicitaire partagé entre un nombre croissant d’acteurs et d’autre part, la thèse selon laquelle les nouvelles chaînes susciteront l’arrivée d’annonceurs attirés par des tarifs plus bas. Il faut que les 25 chaînes s’installent, et nous verrons ensuite, dans 3 à 4 ans, comment cela se développe. Nous avons bon espoir.