Entretien avec … Fabrice de la Patellière, Directeur de la fiction de Canal+

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    Lors d’un repas organisé par Canal+ lundi soir au MIPCom à Cannes, la chaîne à péage a annoncé ses nouvelles acquisitions télévisuelles. L’occasion pour média+ de rencontrer Fabrice de la Patellière, Directeur de la fiction de la chaîne cryptée.

    média+ : Quelles sont les fictions que vous diffuserez prochainement sur Canal+ ?

    Fabrice de la Patellière : Nous allons diffuser, en novembre, la deuxième saison de la série «Mafiosa», une histoire sur les truands en Corse qui est réalisée par Eric Rochant. Nous mettrons également à l’antenne un téléfilm «Résolution 819» dans la ligne des films politiques que nous proposons à Canal+ depuis quelques années et qui s’inspire de l’histoire vraie d’un policier français qui est allé enquêter en Bosnie sur les criminels de guerre serbes pour le compte du Tribunal Pénal International. C’est Benoit Magimel qui incarne le rôle principal. La diffusion est prévue ce mois-ci. Nous avons aussi une mini série de Marion Vernou «Rien dans les poches» qui nous a intéressé par son écriture et sa singularité de réalisatrice de cinéma. C’est l’histoire d’une femme que l’on suit des années 80 aux années 2000 dans l’univers de la musique et de la nuit. Le rôle principal est tenu par Emma de Caunes avec un casting assez puissant: Elie Semoun, Alain Chabat… Diffusion programmée en décembre.

    média+ : Vos fictions sont-elles en majorité francophones ?

    Fabrice de la Patellière : Toutes les productions que je viens de vous citer sont françaises. Nous avons la série «XIII», qui est une production franco-canadienne initiée par des producteurs français, tournée au Canada et en anglais, et dont la chaîne américaine ABC vient d’acheter les droits de diffusion pour du prime time en octobre/novembre. C’est une grande première! Nous avons également des coproductions internationales. Nous préparons – par exemple – une mini série sur le terroriste Carlos, réalisée par Olivier Assayas et produite par Daniel Leconte. C’est une coproduction allemande. Arte France nous a rejoint sur le projet sachant que le film est déjà écrit. Le tournage démarre en décembre pour une diffusion prévue fin 2009 sur notre chaîne.

    média+ : Quels sont vos autres projets pour l’année 2009 ?

    Fabrice de la Patellière : Nous avons en développement la seconde saison de «Reporter», une série sur les journalistes, plus spectaculaire et dramatique que la première saison diffusée il y a 18 mois sur Canal +. Elle est actuellement en tournage et elle sera diffusée au printemps 2009. Nous sommes en écriture et en préparation avec Olivier Marchal d’une série policière baptisée «Braquo».

    média+ : «Braquo» est-elle une demande de la chaîne ?

    Fabrice de la Patellière : Olivier Marchal sortait assez frustré de son expérience avec TF1 sur «Flics». Il avait envie de s’exprimer complètement en tant qu’auteur sur une série policière et nous lui avons donné carte blanche. La différence avec TF1 c’est que Canal+ a une grande liberté éditoriale. Nous avons une liberté de ton, une ambition et une envie d’innovation. Dans la même logique, il y a une série qui s’appelle «Pigalle» qui se passe dans le quartier de Paris et dont l’intrigue tourne autour d’un frère qui essaie de comprendre comment sa soeur – danseuse de boite de nuit – a pu disparaître. De plus, nous développons une cinquantaine de projets qui sont à la fois des téléfilms unitaires de 90′, des mini séries politiques et des séries de 52′ pour lesquelles nous essayons de ne rien nous refuser au niveau du réalisme, du contemporain et des costumes. Par exemple, nous préparons une série qui se passe dans une maison clause à la fin du 19ème siècle à Paris, une autre qui se situera à Versailles, ou bien encore une autour de Bonaparte. Nous avons par ailleurs des séries fantastiques comme «Les revenants». Enfin, nous essayons de proposer de la comédie en 52′ ou en 26′. Nous avons envie d’aller partout avec la même exigence.

    média+ : Quels sont les budgets de Canal+ pour les fictions francophones ?

    Fabrice de la Patellière : En fiction française, le budget total se situe entre 35 et 40 millions d’euros par an, sur Canal +. Pour 8 épisodes de 52′, la chaîne investit autour de 7 millions d’euros. Pour un téléfilm, c’est un plus de 2 millions d’euros.

    média+ : La chaîne cryptée a donc une place à part entière dans la production française ?

    Fabrice de la Patellière : Canal + a un rôle et une place dans la fiction française. Nous sommes à la fois le découvreur de talents, la chaîne qui innove et celle qui prend des risques. La fiction française est très en retard par rapport aux séries anglo-saxonnes. Depuis quelques années nous essayons de le combler, mais sans pouvoir rattraper les Britanniques et à fortiori les Américains. Cependant, je pense que nous nous améliorons. Le meilleur exemple est la série policière française «Engrenage» que nous avons développée, diffusée et vendue en Angleterre, en Australie, au Japon. Des territoires qui étaient jusqu’à présent fermés à la fiction française.

    média+ : Beaucoup de vos fictions sont-elles vendues à l’étanger ?

    Fabrice de la Patellière : La fiction redémarre depuis 4 à 5 ans maintenant. Elle commence à se vendre et nous entamons en conséquence le développement de projets internationaux que nous aimerions concrétiser à la fois avec nos partenaires européens et éventuellement avec les Anglais et les Américains dans les années à venir.

    média+ : Que pensez-vous du lancement d’Orange Cinéma-Séries ?

    Fabrice de la Patellière : Nous attendons de voir ce que propose Orange. Concernant la fiction française, je ne sais pas comment ils se positionnent. Je ne connais pas encore leur ligne éditoriale en termes de contenus. Orange c’est un tuyau avec beaucoup d’argent mais ce n’est pas encore une identité.