François ERNENWEIN
Rédacteur en chef de La Croix en charge baromètre sur «la confiance des Français dans les médias»
Le baromètre sur «la confiance des Français dans les médias», réalisé tous les ans par Kantar Sofres pour «La Croix», décrit l’évolution du rapport à l’information des Français. L’occasion de nous entretenir avec François ERNENWEIN, Rédacteur en chef de «La Croix» en charge du baromètre.
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La confiance envers les médias traditionnels remonte. Comment l’expliquez-vous ?
François ERNENWEIN
Plusieurs éléments de contexte peuvent l’expliquer. Il y a d’abord tout un débat sur les «fake news». Quand le Président de la République a prononcé ses vœux, il a affirmé vouloir lutter contre les fausses informations. A travers notre baromètre, on voit bien que la conscience des Français autour de la fiabilité de l’info est très forte. Ils sont 90% à formuler cette préoccupation tandis que 6% des Français attendent un journalisme porteur de solutions, et que seulement 2% souhaitent un journalisme affirmant «un choix partisan». Au fond, les Français demandent aux médias non seulement de tendre à l’objectivité en multipliant les sources, mais aussi en mettant à distance nos appartenances sociales et convictions personnelles. Les Français sont capables de faire la distinction sur internet entre des informations émises par des médias reconnus et des informations partagées par leurs amis sur les réseaux sociaux. 66% des personnes sondées n’accordent pas leur confiance aux informations provenant d’un «ami», tandis que 45% se défient des informations publiées par un site de presse écrite ou audiovisuelle.
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Les attentes des Français vis-à-vis des médias ont-elles beaucoup évolué ?
François ERNENWEIN
A travers le baromètre qui a une trentaine d’années, il y a clairement un certain nombre de constantes. Dans la perception que les Français ont des médias et des journalistes, ils pointent leur manque d’indépendance par rapport aux pouvoirs politique et économique. Il y a incontestablement un travail à faire dans les médias pour donner des gages de non-soumissions aux histoires que racontent les pouvoirs.
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Le sondage met en lumière une forte baisse d’intérêt pour l’actualité. Pourquoi ?
François ERNENWEIN
62% des Français se disent en effet intéressés par l’actualité, contre 70% en 2016. C’est le niveau le plus bas jamais enregistré depuis la création du baromètre en 1987. On peut estimer qu’à la suite de la Présidentielle, il y a un peu de lassitude devant le flux d’information.
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La télévision reste le média d’information privilégié pour accéder à l’information…
François ERNENWEIN
Cela correspond à des usages assez forts. Mais en crédibilité, 56% des Français font confiance à la radio (+4% par rapport à 2017). La confiance dans les médias progresse plus fortement pour la presse écrite (52% et +8% par rapport à l’an passé) et la télévision (48%, +7% par rapport à 2017). Internet en revanche, commence à chuter. Tout ce débat distillé sur les réseaux sociaux provoque un peu de distance chez les Français y compris chez les jeunes. On a cru longtemps que tout le monde pourrait diffuser de l’information à crédibilité comparable. Finalement, les Français nous disent la chose suivante : être journaliste c’est un métier, c’est aussi appliquer un certain nombre de règles déontologiques et pratiques dans l’administration de l’information. C’est une bonne nouvelle pour les professionnels de l’info.
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Pour conclure, l’éducation aux médias semble primordiale. Est-ce le cas ?
François ERNENWEIN
C’est exact ! La relation aux médias n’est pas aussi spontanée qu’on le croit. Le clivage éducatif et social s’est accentué dans la façon de s’informer et la perception de certains évènements. Dans ce climat de confusion accentué par les réseaux sociaux, les Français plébiscitent une éducation aux médias, notamment pour démasquer les «fake news».
