Pour faire décoller son service de streaming en France, Amazon mise sur sa 1ère série locale

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Pour faire décoller son service de streaming Prime Video, encore peu connu en France, le géant américain du e-commerce Amazon mise sur sa 1ère série locale, une coproduction franco-allemande présentée mercredi et baptisée «Deutsch-les-Landes».Plusieurs acteurs se disputent le marché de la vidéo par abonnement en France : Netflix, qui propose le catalogue le plus étoffé, SFR Play, Canalplay, sans oublier les services de replay des chaînes de télé et le projet porté par la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte, récemment salué par le président de M6 Nicolas de Tavernost. Lancé depuis un peu plus d’un an sur le territoire, Prime Video veut passer à la vitesse supérieure avec cette série de dix épisodes de 26 minutes, portée par un casting de célébrités avec notamment Marie-Anne Chazel, Sylvie Testud ou la Franco-Autrichienne Roxane Duran («Le Ruban Blanc», «la Famille Bélier»). Le tournage doit commencer début avril, dans les environs de Bordeaux, pour une diffusion sur Prime Video au dernier trimestre 2018. Produite en partenariat avec la société Newen (filiale de TF1, qui produit notamment «Plus belle la vie» pour France 3) et les allemandes Bavaria Fiction et Deutsche Telekom (qui la diffusera sur sa plateforme en Allemagne), la série est écrite et réalisée par une équipe franco-allemande. Aux manettes côté français, on retrouve les auteurs Alexandre Charlot et Franck Magnier, scénaristes de «Bienvenue chez les Ch’tis» et anciens des «Guignols» sur Canal+ et à la réalisation Denis Dercourt («En équilibre»). L’histoire se passe à Jiscalosse, village fictif des Landes vendu en partie par son édile (Marie-Anne Chazel) à un patron allemand pour éviter la faillite. Le PDG décide d’y délocaliser son entreprise, «ce qui déclenche un choc des cultures mêlant drame et comédie», ont raconté les auteurs lors d’une présentation presse. L’équipe de la série s’est montrée enthousiaste à l’idée de travailler avec Amazon : «Participer à quelque chose de nouveau, du streaming avec une série de ce format, ça beaucoup joué dans ma décision», a confié Marie-Anne Chazel. «Le cinéma s’est beaucoup refermé, si on n’a pas la martingale de la comédie mainstream, les discussions tournent court. Les plateformes sont plus ouvertes : séries de genre, thriller, on peut tout proposer…», a estimé de son côté Franck Magnier. Pour Amazon, qui diffusera cette série en France et en Belgique et dispose des droits pour le Luxembourg et la Suisse, c’est le début d’une aventure francophone appelée à se développer. La série dispose d’un budget de 6 millions d’euros selon Les Echos, montant non confirmé par Amazon. Les droits internationaux sont détenus par Newen, qui a salué la politique de la plateforme, «plus équilibrée en termes de partage de droits que Netflix», selon Tanguy de Franclieu, directeur général délégué de Newen Studios. Amazon a ouvert il y a un an à Londres une branche dédiée à la création originale européenne, dirigée par Georgia Brown qui avait fait le déplacement à Paris pour affirmer les ambitions françaises. «Nous sommes un service mondial mais ce que nous voulons vraiment c’est une présence locale», a-t-elle indiqué, se disant «impatiente d’entendre les idées des producteurs français», en fiction ou en documentaire, le cinéma restant réservé aux États-Unis. «Il y a d’autres projets en discussion», a ajouté Isabelle Bertrand, responsable des acquisitions pour Amazon en France, ajoutant que «Deutsch-les-Landes» pourrait avoir une saison 2 si elle marche. Prime Video a été lancé il y a un peu plus d’un an en France. Sans vouloir indiquer le nombre d’utilisateurs du service, Isabelle Bertrand a précisé que le catalogue comptait une vingtaine de fictions françaises et qu’entre 3 et 4 films étaient ajoutés chaque semaine. En Allemagne, où le service existe depuis 4 ans, le groupe a trois projets en cours de développement, qui s’ajoutent à un 4ème projet déjà diffusé («You are Wanted»).