Festival de la fiction de la Rochelle: l’intelligence artificielle a fait parler d’elle 

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«Révolution industrielle» pour la patronne de France Télévisions, «occasion unique» pour son homologue de TF1… 

L’intelligence artificielle s’est invitée vendredi au festival de la Fiction de la Rochelle, où elle inquiète autant qu’elle fascine le secteur, demandeur de régulation. 

«L’intelligence artificielle, c’est formidable, au double sens du terme», a expliqué la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, lors d’un débat initialement consacré à la «plateformisation» de l’audiovisuel. «C’est formidable au sens «extraordinaire»» et «au sens latin, c’est-à-dire «qui fait peur»» puisqu’on «ne sait pas bien jusqu’où ça va aller», a-t-elle ajouté. «C’est la révolution industrielle des cols blancs», a-t-elle prévenu, à l’heure où le déploiement rapide des IA dites génératives, capables de créer des contenus, fait craindre un remplacement du travail humain et un pillage culturel. 

La France ayant «toujours été aux avant-postes de l’exception culturelle, du droit d’auteur, on a tous ensemble (auteurs, producteurs, éditeurs, gouvernement, etc.) une responsabilité particulière à élaborer ensemble une sorte de régulation» pour «éviter» les dérives de l’IA sans «empêcher son développement», a souligné la dirigeante du groupe public. 

Favorable lui aussi à une «logique défensive» pour protéger notamment les auteurs, le PDG de TF1, Rodolphe Belmer a tenu à insister sur les bénéfices potentiels des nouvelles technologies. 

Outre une optimisation de certaines tâches, l’IA pourrait, selon lui, aider à «produire des valeurs de spectacle», comme des effets spéciaux, à moindre frais, permettant de rivaliser avec les géants américains malgré «des budgets européens». «Il faut voir cela aussi comme une occasion qui est probablement unique de remettre l’industrie de la création européenne au centre du jeu audiovisuel mondial», a résumé M. Belmer. 

«C’est nécessaire, c’est urgent» de réfléchir à ces sujets, a abondé Nora Melhli, du Syndicat des producteurs indépendants (SPI), rappelant que la grève en cours à Hollywood «a démarré en partie à cause de l’IA». 

Obligation de transparence, subventions fléchées vers les sociétés recourant à des humains… 

La Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) a déjà quelques pistes, même s’il est «trop tôt pour avoir des solutions définitives», selon son directeur général, Pascal Rogard. 

En attendant, l’Arcom, le régulateur de l’audiovisuel français, suit «avec attention le développement» de l’IA et «son impact sur la création», a indiqué son président, Roch-Olivier Maistre.