François RAMAGET, Directeur de l’agence Gootenberg en charge de l’étude «Journalisme et Réseaux Sociaux»

439

Suite à la publication des résultats du baromètre «Journalisme et Réseaux Sociaux», portant sur l’usage des réseaux sociaux par les professionnels des médias, nous nous sommes entretenus avec François RAMAGET, Directeur de l’agence Gootenberg, en charge de l’étude «Journalisme et Réseaux Sociaux».

media+

Entre journalisme et médias sociaux, comment la relation s’établit-elle ?

François RAMAGET

Les réseaux sociaux deviennent chaque jour un peu plus, une source d’informations alternatives et un canal complémentaire à la relation presse directe. Les professionnels de l’information font un usage intensif de l’ensemble des réseaux sociaux et ils plébiscitent clairement Twitter qui, avec 78% d’utilisateurs, s’impose comme un outil incontournable pour la profession pour chercher de l’info. Mais Facebook (63%), LinkedIn (63%), YouTube (59%) et les blogs (57%) sont également consultés par la majorité des journalistes. Les autres réseaux proposés (Google+, Viadeo, Slideshare, Tumblr..) ne concernent qu’une fraction minoritaire de la profession et apparaissent beaucoup plus marginalement. Les journalistes sont devenus des utilisateurs du digital. Les relations entre journalistes et réseaux sociaux sont très étroites. De forts taux de croissance ont été enregistrés en l’espace de deux ans.

media+

Près de 80% des journalistes sont sur Twitter. Que doit-on en déduire ?

François RAMAGET

Twitter est un réseau d’influenceurs. Les journalistes sont des relais d’influence. Avec 55.000 journalistes référencés en France, cela ferait donc près de 44.000 journalistes sur Twitter si nous extrapolons. En matière d’utilité des informations, c’est encore Twitter qui arrive en tête avec une note de 7,13 (sur 10) pour l’utilité des infos qu’ils peuvent y collecter. Les deux mondes se recoupent. D’ailleurs, une majorité de journalistes sont prêts à accepter ou examiner les demandes de contacts qu’ils reçoivent sur Twitter (85%), LinkedIn (81%) et Viadeo (74%). A l’inverse, les autres réseaux ne sont pas considérés comme pertinents pour y être sollicités. 41% trouvent que c’est une intrusion d’aller chercher ou de demander des journalistes en ami sur Facebook.

media+

Comment expliquez-vous la percée de YouTube ?

François RAMAGET

59% des journalistes (vs 46% en 2013) disent utiliser YouTube à titre professionnel. Ce média, longtemps considéré comme un simple site de vidéos, fait un vrai bond en avant car l’information est véhiculée de plus en plus par la vidéo. 6 journalistes sur 10 considèrent YouTube comme un canal d’information pour leur métier. 

media+

Les réseaux sociaux, toujours moins crédibles que les sources classiques ?

François RAMAGET

Lorsque nous avons demandé aux journalistes le degré de confiance qu’ils attribuaient aux sources d’information, les réseaux sociaux sont apparus en dernière position. L’info obtenue sur les réseaux sociaux (5,01/10) est donc jugée la moins sûre tandis que les articles de presse (6,94/10) sont les plus crédibles. Mais les journalistes reconnaissent les bénéfices des réseaux sociaux dans l’exercice de leur métier : 43% disent gagner du temps, 42% estiment se simplifier les recherches mais 58% constatent que l’usage des réseaux sociaux conduit à la multiplication des pièges. Au final, seuls 27% estiment que les réseaux sociaux ont remplacé les anciennes méthodes. Il y a donc une certaine suspicion envers les informations sociales. Cela signifie que la réputation ne peut pas se construire uniquement sur le web. Les contacts directs avec les porte-paroles et leurs agences, et les articles des médias eux-mêmes demeurent les sources d’information journalistiques prioritaires.