Horror-on-Sea : le festival britannique de films d’horreur à la renommée internationale

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Pas de tapis rouge ni remise de prix glamour: le festival britannique de films d’horreur Horror-on-Sea a cependant gagné en 10 ans d’existence une renommée à l’international en repérant des productions indépendantes. «Nous avions décidé depuis le départ que ça ne servait à rien de copier tous les gros festivals de films d’horreur», explique Paul Cosgrove qui a créé en 2013 ce rendez-vous à Southend-on-Sea, à l’est de Londres.

«L’hiver, c’est mort» ici, ajoute-t-il en évoquant la ville côtière, connue pour son ponton qui s’étend sur plus de deux kilomètres dans l’estuaire de la Tamise. «Je me suis dit: regardons les nouveaux films d’horreur indépendants, ceux qui n’entreront probablement jamais dans les gros festivals (…), ceux qui sont un peu bruts sur les bords», précise-t-il.  Chaque année, le festival est organisé dans un grand hôtel un peu désuet et privé d’autres clients pendant les mois d’hiver. Horror-on-Sea est devenu une référence pour les films d’horreur de niche qui bénéficient souvent d’un financement participatif. Cette année, durant six jours jusqu’au 22 janvier, 36 longs métrages et 44 courts métrages sont au programme, sélectionnés parmi des centaines de productions.Pour le site spécialisé Dread Central, Horror-on-Sea était l’année dernière un des meilleurs festivals d’horreur au monde. Mais dans les rues désertes de Southend, rien ne laisse deviner un tel rendez-vous. «Nous avons un public très fidèle qui nous pardonnera une production à petit budget si le scénario est bon», explique Dani Thompson, une actrice qui apparaît dans six des films projetés. Debbie Blake, une employée de 49 ans dans une entreprise d’éoliennes, a assisté aux quatre dernières éditions «en raison des nouveaux films qu’on n’a pas l’occasion de voir ailleurs». Elle regarde six films par jour, malgré des chaises inconfortables, un système de projection artisanal et un micro souvent défaillant quand les réalisateurs présentent leurs oeuvres. Il n’y a pas de séances formelles de questions-réponses à l’issue de la projection mais tout le monde peut discuter avec les réalisateurs, les scénaristes ou les acteurs, au bar avec vue sur la mer. «En 2013, la première édition du festival a sélectionné notre premier long métrage quand personne d’autre n’était vraiment intéressé», se rappelle le réalisateur Mj Dixon. «Ça a vraiment lancé ma carrière», estime-t-il dix ans plus tard avec désormais une douzaine de longs métrages et plusieurs prix à son actif. Le réalisateur italien Christian Bachini a déjà vu son court métrage «Escalation» être projeté dans d’autres festivals mais s’enthousiasme de le présenter à Horror-on-Sea en raison de la réputation du rendez-vous.Beaucoup de réalisateurs étrangers ne se déplacent pourtant pas jusqu’au sud-est de l’Angleterre faute de moyens. Le type de films projetés – gore, à l’humour noir et aux nombreux stéréotypes sexistes – a réussi à prospérer malgré les difficultés qui touchent le cinéma. «L’année dernière, de nombreux films qui candidataient étaient en lien avec le Covid», explique M. Cosgrove. «Les gens qui font des films à petit budget sont plus créatifs parce qu’ils n’ont pas beaucoup d’argent et ils se sont tous soudainement dit: «si on va dans la rue, il n’y a personne, on peut faire un film sur des rues vides et c’est gratuit»», dit-il. Les films d’horreur sont souvent le reflet de la société, estime M. Dixon, tout en jugeant qu’ils permettent «de s’évader» des crises et conflits sociaux actuels.