Hubert BESSON, Directeur général de Telfrance Série

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Après plus de 2.600 épisodes, «Plus Belle la Vie» fête ses 10 ans le 21 octobre sur France 3. Une affaire qui roule ?

Hubert BESSON

Jamais assez ! C’est une machine qui demande une vigilance de tous les instants. Le jour où l’affaire roulera, la série commencera à décroître. C’est pourquoi il est indispensable d’être dans une dynamique de renouvellement permanent. Nous devons être capables de faire des propositions innovantes au public. Nous devons avoir un regard perspicace pour accompagner la série à travers l’évolution de la société. Nouveau logo, nouvelle identité visuelle et nouveau générique seront bientôt dévoilés. La réalisation évoluera aussi.

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Comment imaginez-vous l’avenir de la série ?

Hubert BESSON

Des enjeux éditoriaux et scénaristiques forts sont à mettre en place pour les 10 ans à venir. Objectif : être plus imprégné de la réalité de notre société. Polar, thriller, comédie, fantastique… on ne veut rien s’interdire. Mais nous avons un mal fou à faire mourir nos personnages. Lorsque nous l’avons fait, nous l’avons regretté. D’autre part, nous réfléchissons à produire d’autres programmes autour du feuilleton. Deux spin-off ont déjà vu le jour : «Une vie en Nord» et «Sur les quais» pour France 3. Nous avons aussi développé un magazine qui accompagne les soirées spéciales, ainsi qu’un Aternative Reality Game et un réseau social autour du feuilleton.

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Quels sont les secrets de fabrication de «Plus Belle la Vie»? Budget, tournage, écriture…

Hubert BESSON

Vingt-cinq auteurs œuvrent autour du programme. Des directeurs artistiques remontent les informations du plateau vers nos auteurs. La construction d’un épisode se compose d’une journée en studio (avec 15 à 18’ utiles tournées/jour) et d’une demi-journée en extérieur (7 et 10’ utiles/jour). Le coût d’un épisode est de 120.000€. Nous sommes obligés de réinvestir régulièrement dans le feuilleton. C’est une sorte de bulle qu’il faut sans cesse redimensionner. Ce sont des programmes chronophages et hégémoniques. On a démarré avec 2 plateaux et 15 comédiens. Nous avons aujourd’hui 6 plateaux et 40 comédiens.

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Quelle est la logique industrielle de «Plus Belle la Vie» ?

Hubert BESSON

Nos équipes se sont très peu inspirées des méthodes américaines de production industrielle. En revanche, les Anglais, les Brésiliens et d’autres producteurs internationaux visitent nos plateaux pour voir comment nous fonctionnions. Avant de lancer la série, France 3 avait fait un important «benchmark» en Europe, et nous nous sommes finalement appropriés le process en intégrant la technicité de nos expériences, au sein de notre réflexion éditoriale.

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Au-delà de la problématique de la langue, pourquoi «Plus Belle la Vie» ne s’exporte pas ?

Hubert BESSON

«Plus Belle la Vie» n’a pas été formaté pour l’international. Les «daily soaps» sont des projets très identitaires qui parlent à un territoire. Mais notre feuilleton est diffusé sur la TSR, la RTBF, Radio Canada et TV5Monde. Et un gros chantier est en cours sur l’exportation et la vente du format avec NeWen Distribution.

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D’autres projets pour Telfrance Série ?

Hubert BESSON

Nous venons de terminer pour Arte «Printemps Tunisien», un téléfilm de 100’ réalisé par Raja Amari. Il devrait être diffusé entre la fin de l’année et début 2015. Telfrance Série développe aussi de la création originale pour Canal+.

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Dès le 30 octobre à 22h50, France 4 et francetv nouvelles écritures proposent «Anarchy». De quoi s’agit-il ?

Hubert BESSON

«Anarchy» est la 1ère fiction Web, Télévision et Papier en France. L’idée est de mettre en place une écriture participative où les meilleures remontées de l’anarchie sur le Web seront reprises dans la fiction que nous tournerons en parallèle, et qui sera proposée sur France 4 une fois par semaine, pendant 2 mois. C’est un gros enjeu qui repose une modernité incroyable.