J.D. BLANC (Molotov) : «Nos utilisateurs ont moins de 35 ans en moyenne»

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Plus de trois ans après son lancement, Molotov a dépassé le cap des 10 millions d’utilisateurs. Sélectionnée parmi les entreprises les plus innovantes de France pour rejoindre l’indice French Tech 120, la plateforme s’ancre encore un peu plus dans les usages et souhaite s’imposer comme un des leaders français de la distribution audiovisuelle en streaming. Entretien avec Jean-David BLANC, co-fondateur et Président de Molotov.

MEDIA +

Après trois ans d’existence, 10 millions de Français regardent la TV sur Molotov. Quelle est la prochaine étape ?

JEAN-DAVID BLANC

Les étapes sont nombreuses ! Nous assistons d’abord à une transformation à la fois des usages mais aussi de la consommation audiovisuelle. Dans cet élan, Molotov accompagne les changements, innove et apporte de nouveaux services. Quand j’ai eu l’idée de Molotov en 2013, je sentais venir l’émergence de services OTT, c’est-à-dire de la consommation via les écrans connectés. Et quand nous avons lancé Molotov à la fin de l’été 2016, nous avons été extrêmement surpris par les chiffres puisqu’en mars 2017,  nous comptions déjà 1 million d’utilisateurs, et près de 3 millions l’année suivante. Ça a été très vite. 

MEDIA +

Le bouche-à-oreille a-t-il été déterminant ?

JEAN-DAVID BLANC

Oui, bien entendu. Nous n’avons pas fait de campagne de communication. Tout a été investi sur le produit.

MEDIA +

Quel est l’enjeu principal aujourd’hui ? Faire basculer les utilisateurs en offre payante ?

JEAN-DAVID BLANC

Nous le faisons déjà ! Nous offrons aux utilisateurs réguliers des services auxquels ils s’abonnent. On comptabilise déjà plus de 200.000 abonnés payants. Molotov est une plateforme de destination et d’audience, un peu comme Spotify ou Deezer pour la musique. Avant que nous devenions le AlloCiné de l’audiovisuel, il faut s’accorder énormément de temps, 5 à 7 ans pour créer de nouveaux automatismes. Le 2ème enjeu est de monétiser la plateforme de différentes façons.

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Comment Molotov est-elle utilisée ?

CATHERINE NAYL

Le temps de consommation globale progresse de 80% sur 1 an. Quant au nombre d’utilisateurs, la plateforme se consomme à 80% sur smartphone, tablette et ordinateur. En revanche, en temps passé, Molotov se regarde à 60% sur le téléviseur. Cela signifie que le temps moyen passé sur un smartphone est de 27’ contre 3h45 sur un téléviseur. Nos utilisateurs ont moins de 35 ans en moyenne, soit une génération de moins que pour la télévision traditionnelle.

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Êtes-vous en négociation avec de nouveaux éditeurs ?

JEAN-DAVID BLANC

Molotov est une place de marché. A ce jour, nous collaborons avec près de 180 éditeurs et chaînes. Nous sommes en permanence en discussion avec de nouveaux prestataires français et étrangers. Ceux qui veulent nous rejoindre souhaitent bénéficier de notre audience pour faire connaître leur contenu, soit gratuitement (financé par la publicité), soit par abonnement ou par l’achat à l’acte. En revanche, ceux qui refusent de nous rejoindre – et ils sont peu nombreux – sont des acteurs un peu méfiants, qui s’interrogent sur l’opportunité d’aider ou pas Molotov. In fine, c’est une mauvaise question puisque l’intérêt pour les éditeurs et les chaînes est d’être vu par le maximum de personnes. 

MEDIA +

Pourquoi venir sur Molotov alors que chaque éditeur déploie ses sites et applications ?

JEAN-DAVID BLANC

Nous voulons servir les utilisateurs qui consomment la télévision différemment en agrégeant l’ensemble des offres et pour offrir une expérience universelle. Pour l’éditeur, il est normal de s’auto-distribuer à travers son application mais il semble cohérent aussi qu’il soit présent sur d’autres moyens de distribution comme la TNT, les box, le satellite et en OTT sur Molotov. Le consommateur est en quête de simplicité. Il ne va pas télécharger autant d’applications de musique qu’il y a de chansons. En télévision, c’est un peu la même chose.

MEDIA +

Allez-vous sanctuariser la partie gratuite de Molotov ?

JEAN-DAVID BLANC

Bien sûr ! Les 27 chaînes de la TNT doivent rester gratuites pour le consommateur, quel que soit le support. Il nous paraît normal qu’il y ait cette neutralité technologique. A nous ensuite de trouver, entre éditeurs et distributeurs, des accords qui créent de la valeur pour chacun. 

MEDIA +

Souhaitez-vous décliner Molotov à l’étranger ?

JEAN-DAVID BLANC

Nous avons étudié la question. Mais les efforts économiques sont si importants que nous préférons nous concentrer sur la France. D’ailleurs, la télévision au sens large est une activité extrêmement locale. Pour autant, nous sommes approchés par de potentiels partenaires à l’étranger qui souhaitent déployer localement Molotov dans leur pays avec notre technologie et notre savoir-faire. Dans ces cas-là, nous regardons de près.