J. FARE (Scarlett Production) : «Le showrunner est la clé pour enchaîner avec régularité les saisons d’une série»

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Joey FARE, co-gérante et productrice – Scarlett Production

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Productrice depuis près de 20 ans, quels gros changements avez-vous constatés en quelques années ?

Joey FARE

L’avènement des séries ! On ne l’aurait pas imaginé il y a deux décennies. J’ai été l’heureuse productrice de «Clara Sheller» en 2005, une série devenue culte. Ce que j’ai appris, c’est que le succès d’une série à la télévision n’ouvre jamais définitivement les portes du petit écran. Il faut avoir les bons projets. Il s’agit d’une reconquête permanente. C’est stimulant par ailleurs. Au cinéma, quand vous faites un succès, on s’intéresse tout de suite à vous pour vous proposer les films suivants.

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Créée en 1999, quelle est la spécificité de Scarlett Production ?

Joey FARE

On se concentre sur les fictions. Nous essayons d’apporter à chaque fois une petite touche de réflexion sur le monde, sur nous-mêmes et sur l’humanité.

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Courant février, CANAL+ lancera la 3ème saison de «Kaboul Kitchen» (12X30’ – Scarlett Production/ Chic Films). Quelle a été votre approche ?

Joey FARE

A travers cette fiction au ton transgressif, nous montrons l’altérité par le biais de la comédie. C’est réjouissant. Dotée d’un budget de 9 M€, la série a été tournée au Maroc. Et nous n’avons pas eu accès au crédit d’impôt. A chaque fois, il faut trouver des compléments de financement. Pour pallier à ce déficit, dès la saison 2, nous avons disposé d’une Sofica et d’un budget de distribution. Pour la 3ème saison, nous avons conclu une coproduction avec les Belges (Be-Films).

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Produire une série de 30’, qu’est-ce que ça change ?

Joey FARE

Le 30’, c’est le format de prédilection de la comédie. Ce genre est défini par le rythme, les situations, les dialogues et les personnages. En France, nous ne faisons pas de sitcoms. Pourquoi ? Parce que c’est un genre dans lequel les personnages n’évoluent pas. Ils sont répétitifs dans leur névrose et c’est ce qui nous fait rire. A chaque fois, aucune expérience n’est une leçon. Alors que dans une série, les personnages et les situations sont en mouvement.

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Fabriquer une nouvelle saison chaque année, est-ce un vrai pari ?

Joey FARE

Bien entendu. Car il est encore difficile d’industrialiser la série française. Cette année, fort de nos trois saisons de «Kaboul Kitchen», nous avons appris qu’il fallait donner pouvoir au showrunner, pour enchaîner avec régularité les saisons. En leur donnant les clés, nous les responsabilisons énormément tout en gagnant du temps. A ce titre, nous avons créé une «writing room» avec un tas d’auteurs. L’arche narrative de la saison 4 est sortie en à peine deux mois. Ça a été extrêmement fructueux. Nous sommes beaucoup plus efficaces.

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Avez-vous d’autres projets avec CANAL+ ?

Joey FARE

Oui, nous allons faire avec CANAL «Les Sauvages» (6X52’), d’après les livres de Sabri Louatah. C’est un thriller politique dans lequel le président de la république est d’origine arabe.

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Avez-vous fait de récentes acquisitions de livres pour les adapter ?

Joey FARE

Absolument ! J’ai acquis les droits de «Témoin», un livre de Claire Andrieu. Elle a recueilli les confidences de Sonia qui a dénoncé Abdelhamid Abaaoud, le terroriste du 13 novembre. Dan Franck va écrire le scénario de cette fiction.

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Continuez-vous de collaborer avec ARTE ?

Joey FARE

Absolument ! Et je leur prépare une mini-série, «Fiertés» (3X52’), avec Philippe Faucon. Nous y raconterons l’histoire d’une famille sur 30 ans. Dans cette dernière, un fils homosexuel sera confronté à son père, pourtant ouvert d’esprit. L’idée est de raconter la petite histoire dans la grande. Le tournage débutera bientôt.

LES DIRIGEANTS

Florence Dormoy

Co-gérantes

Joëy Faré

Co-gérantes

COORDONNEES

2 rue de Choiseul 75002 Paris

DATE DE CREATION

1999

PRODUCTIONS

«Kaboul Kitchen» (Canal+) ; «Ne m’abandonne pas» (France 2);