Réalisateur et producteur, Jérôme Revon dirige R&G Productions depuis près de 30 ans. Rencontre avec un artisan de l’image, toujours à l’affût de nouvelles idées.
MEDIA +
Vous avez fondé R&G Productions en 1997. Aujourd’hui, vous êtes seul aux commandes ?
Jérôme REVON
Oui, tout-à-fait ! Mon associé de l’époque, Stéphane Gateau, a quitté l’aventure il y a cinq ans. Depuis, je pilote seul R&G Productions. En parallèle, j’ai lancé R&G Sport avec Fred Godard et Jérôme Saporito : une filiale dédiée aux productions sportives, distincte de R&G Productions mais complémentaire dans sa dynamique.
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Quelle dynamique insufflez-vous à cette branche sportive?
Jérôme REVON
Nous sommes très complémentaires. Jérôme Saporito vient du journalisme, il a un solide parcours : TF1, «Téléfoot», «Automoto» puis la direction de L’Équipe TV. Fred Godard et moi sommes réalisateurs de sport depuis longtemps. L’idée est d’occuper un secteur encore ouvert où il y a de la place à prendre. Nous avons notamment un contrat avec la Ligue de Football Professionnel : nous commentons les matchs de Ligue 1 en anglais pour les diffuseurs étrangers et produisons un magazine hebdomadaire de 26’. Depuis que Jérôme a rejoint l’aventure, il a aussi décroché une émission pour DAZN, «Dans la Zone», diffusée le dimanche soir après le gros match. On produit cette émission depuis janvier, jusqu’à la fin de la saison. Et puis, on prend des contacts un peu partout, notamment avec les plateformes.
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Après «La Nuit la Plus Longue», vous êtes revenu avec «La Nuit de la Paix» sur France 2. Quelle est votre vision derrière ces créations ?
Jérôme REVON
L’objectif est de revisiter l’Histoire de façon à la fois ludique et pédagogique, dans un sens très large avec un format intitulé «En Direct de l’Histoire». Avec les deux premiers numéros «La Nuit la Plus Longue», «La Nuit de la Paix», et peut-être bientôt «La Nuit de la Bombe» (pour Hiroshima), l’idée est d’offrir une expérience immersive avec une approche différente. On peut explorer aussi bien l’attentat contre Kennedy que la mort de Claude François ou la fuite de Louis XVI. Ce sont des moments historiques revisités avec un regard nouveau. Le but est de transmettre sans faire un cours d’histoire : on veut capter l’attention tout en enrichissant la connaissance. Ce format a désormais une portée internationale… L’Ukraine l’a déjà adapté, et l’Espagne s’y intéresse. C’est Can’t Stop Media qui pilote cette partie.
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R&G alterne productions événementielles et divertissements. Comment structurez-vous cette ligne ?
Jérôme REVON
C’est assez fidèle à mon parcours de réalisateur. Je peux passer en quelques jours du discours du Président de la République à un match de foot ou à un Prime de variétés à l’Arc de Triomphe. Chez R&G Productions, on ne s’est jamais enfermés dans un seul genre. On a fait des jeux, des variétés, des événements… C’est une logique d’ouverture. En réalisation pure, je me concentre désormais sur les grands événements : les panthéonisations, la réouverture de Notre-Dame [Jérôme Revon a été récompensé du Multiscreen Grand Prix pour sa réalisation], le défilé du 14 juillet… R&G Productions est une petite structure indépendante, face à de grands groupes qui disposent de formats puissants et de gros leviers économiques. Pour nous, il s’agit de trouver des idées originales, d’aller sur des niches. Des formats comme «La Nuit de la Paix» ou «Rétroscopie» avec Jean-Paul Rouve et Franck Dubosc sont trop spécifiques pour les grandes maisons, et c’est justement ce qui nous permet de nous démarquer.
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Et sur «Samedi d’en rire», quelle est votre approche ?
Jérôme REVON
C’est une émission qui dure depuis six ans avec des audiences très solides. On dépasse souvent le million de téléspectateurs sur France 3, le samedi à 13h30. Il y a un public fidèle pour l’archive, le patrimoine télévisuel. Ces formats sont essentiels pour le service public : à côté des jeux, il faut aussi des rendez-vous de mémoire.
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La fidélité des diffuseurs est-elle encore un levier stratégique ?
Jérôme REVON
Un peu, mais ce n’est plus suffisant. Il y a de tels enjeux économiques que la fidélité seule ne garantit rien. En revanche, le service public reste à l’écoute de projets qui ont du sens culturellement, historiquement… Il y a encore un espace pour les idées neuves.
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Vous êtes aussi aux manettes de «Burger Quiz». Le jeu pourrait-il revenir ?
Jérôme REVON
Tout dépend d’Alain Chabat. C’est lui qui fixe le moment et le rythme. De notre côté, tout est prêt : le décor, les scripts, les équipes. On devait tourner 15 inédits en 2020, juste avant le confinement. Les épisodes sont écrits, il ne reste qu’à les mettre en boîte. Depuis, il n’y a eu que des rediffusions. Alain a été très pris, notamment par Astérix, qu’il a préparé pendant cinq ans. On a parfois l’impression que «Burger Quiz» est encore en production, mais ce sont uniquement des rediffs… et ça montre à quel point le concept est fort. Si Alain dit go, on y va. TF1 est partant, Disney aussi a montré son intérêt.
LES DIRIGEANTS
Jérôme Revon
Président-Fondateur
COORDONNEES
66 rue Escudier 92100 Boulogne-Billancourt
DATE DE CREATION
1997
PRODUCTIONS
«Burger Quiz», «La nuit de la paix», «Samedi d’en rire»…