Japon: l’homme accusé de l’incendie criminel d’un studio d’animation a reconnu les faits

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L’homme accusé de l’incendie criminel d’un studio d’animation qui avait fait 36 morts en 2019 au Japon et provoqué une vague d’émotion dans l’archipel comme à l’étranger, a reconnu les faits mardi au premier jour de son procès. «C’est bien moi» qui a déclenché l’incendie, a déclaré Shinji Aoba, 45 ans, devant le tribunal de première instance de Kyoto (ouest du Japon), selon l’agence de presse Jiji. «Je ne pensais pas qu’autant de gens allaient mourir et je pense maintenant être allé trop loin», a-t-il ajouté selon la même source.

Arrêté après l’incendie du studio Kyoto Animation qui avait également fait 32 blessés, M. Aoba est jugé pour cinq chefs d’accusation: meurtre, tentative de meurtre, incendie criminel, violation de propriété et infraction à la loi sur le contrôle des armes. L’accusé, qui comparaissait assis dans un fauteuil roulant, avait été lui-même gravement blessé dans le sinistre et avait dû être hospitalisé, passant plusieurs semaines dans le coma. Il n’avait retrouvé l’usage de sa voix qu’à l’issue d’une opération chirurgicale. Mardi, ses avocats ont plaidé non coupable en son nom, arguant qu’il n’avait «pas la capacité de faire la distinction entre le bien et le mal» du fait de ses troubles psychiatriques, selon la chaîne de télévision publique NHK.

Les procureurs estiment au contraire que M. Aoba, inculpé en décembre 2020 après avoir été considéré mentalement apte à être jugé, était «pleinement responsable de ses actes», qu’ils ont qualifiés «de vengeance basée sur une rancune mal placée». Le mobile de l’accusé reste flou. M. Aoba n’avait aucun lien connu avec le studio Kyoto Animation (surnommé «KyoAni») mais lui reprochait de lui avoir volé une idée de scénario, selon les médias. D’après plusieurs témoignages, il avait fait irruption dans le bâtiment du studio en répandant de l’essence avant d’y mettre le feu en criant: «Vous allez mourir».

Chieko Takemoto, dont le fils est mort dans l’incendie, a déclaré à la NHK avant l’audience que «le chagrin causé par cette perte reste le même quatre ans après». «Je veux savoir dans quel état d’esprit est l’accusé aujourd’hui et s’il ressent de la culpabilité pour son crime», a ajouté Yasuo, son époux. Mardi, 500 personnes s’étaient massées devant le tribunal de Kyoto dans l’espoir d’obtenir l’une des 35 places réservées au public, a précisé un porte-parole de cette juridiction. «Il fallait que je vienne, en tant que fan d’anime», a confié à la NHK un étudiant dans la file, ajoutant au sujet de l’accusé: «S’il est conscient de sa culpabilité, je veux qu’il s’excuse».

La tragédie de KyoAni avait eu un vaste retentissement au Japon comme à l’étranger. Fondé en 1981, ce studio réputé pour sa qualité a produit des dessins animés souvent inspirés de mangas, dont «Lucky Star», «La Mélancolie de Haruhi Suzumiya», «K-ON!» ou le film d’animation «Violet Evergarden», encore en production au moment de l’incendie et qui avait fini par sortir en 2020 dans les salles japonaises. KyoAni était réputé pour le raffinement de sa production et attaché à son implantation dans l’ancienne capitale impériale du Japon, Kyoto, alors que la plupart des studios d’animation nippons sont basés à Tokyo.