JO 2014 : les Autrichiens se passionnent pour le ski depuis leur canapé

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Experts dès l’enfance de la prise de carres, les Autrichiens se passionnent aussi pour le ski depuis leur canapé, et quel que soit le bilan des médailles, les JO de Sotchi feront à coup sûr le bonheur des médias. Ils étaient pas moins de 1,5 million, dimanche 9 février, à suivre devant leur téléviseur la victoire de l’Autrichien Matthias Mayer en descente de ski alpin, l’épreuve reine des jeux Olympiques. Dans un pays de neuf millions d’habitants, cela représente une part de marché de 80% pour la télévision publique ORF. Beaucoup ont de nouveau renoncé à la grasse matinée samedi pour voir Anna Fenninger, élue sportive de l’année en 2013, emporter l’or en super-G et partager le podium avec une revenante de la «Wunderteam», Nicole Hosp (3eme). La chaîne prévoit 430 heures de direct pour la quinzaine, de quoi rassasier les quelque 5,5 millions de téléspectateurs attendus. Pour l’audience, «peu importe que les courses se déroulent le matin ou le soir», explique le directeur des sports de l’ORF, Hans Peter Trost. Et comme c’est le plus souvent le matin, plusieurs chambres syndicales ont cru bon de rappeler qu’il valait mieux avoir l’aval de son chef pour regarder les épreuves sur son lieu de travail. 

Au total, les sports d’hiver représentent 4 ou 5 des dix meilleures audiences chaque année. Il n’y a guère que l’universel football et le Concert du Nouvel an, une autre spécialité autrichienne, pour rivaliser avec la descente de Kitzbühel ou la Tournée des Quatre tremplins. Au pays d’Hermann Maier et d’Annemarie Moser-Pröll, les quotidiens populaires «Kronen Zeitung» et «Österreich» éditent de leur côté chaque jour un cahier spécial de 16 pages consacré aux Jeux. Le saut à skis et le ski alpin sont, cette année encore, les meilleurs espoirs de médaille pour les Autrichiens. Avant Sotchi, l’Autriche avait récolté 201 médailles aux Jeux d’hiver, dont 105 en ski alpin. La discipline se confond presque avec l’identité du pays. Et la médiatisation des JO, à partir des années 50, en a fait une grande source de fierté vis-à-vis de l’étranger. 

Les exploits d’un Toni Sailer – trois médailles d’or à Cortina d’Ampezzo en 1956 – sont ainsi intervenus «alors que l’Autriche était, pour la 1ère fois après la guerre, représentée en tant qu’Etat non occupé», rappelle l’historienne Agnes Meisinger. Avec ces 1ers succès olympiques de la jeune république, «de plus en plus d’écoles de ski ont été créées et les cours de ski sont devenus obligatoires à l’école, c’est quasiment devenu un sport national», explique-t-elle. Depuis, rappelle Agnes Meisinger, «chaque décennie a apporté son grand skieur» en combinaison rouge-blanc-rouge, de Franz Klammer à Martin Hirscher, en passant par Hermann Maier («Herminator» pour les médias du monde entier) ou Petra Kronberger. Les jeux Olympiques organisés à Innsbruck en 1964 et 1976 ont achevé d’ancrer les sports d’hiver dans l’ADN autrichien. Aujourd’hui, pour tout le pays, résume Hans Peter Trost, les JO d’hiver «c’est la fierté de voir des athlètes d’un petit pays au meilleur niveau mondial d’une discipline».