John Malone, personnalité parmi les plus influentes du câble et des médias

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La prise de contrôle de la Formule 1 est le dernier gros coup du milliardaire américain John Malone, un homme plutôt discret mais toujours considéré à 75 ans comme l’une des personnalités les plus influentes du câble et des médias. Il a été impliqué, directement ou en coulisses, dans nombre des grandes manoeuvres des dernières décennies dans un paysage médiatique international dont il est jugé grand connaisseur. L’entrepreneur franco-israélien Patrick Drahi (Altice) a souvent cité comme modèle celui que le magazine «Forbes» décrit comme «l’homme le plus puissant du câble», avec une fortune estimée à 7,1 milliards de dollars. Une biographie parue en 2005 titrait toutefois sur les méthodes de «cow-boy» de Malone. Plusieurs années auparavant, un sénateur appelé à devenir vice-président, Al Gore, l’avait même comparé à «Dark Vador» et à un parrain mafieux. Né le 7 mars 1941 à Milford (Connecticut) dans une famille d’origine irlandaise, et diplômé des universités de Yale et Johns Hopkins, John Malone a fait ses 1ères armes dans les années 1960 chez l’opérateur de télécoms AT&T et la société de conseil McKinsey.  Sa réputation de négociateur intransigeant, voire retors, doit toutefois surtout aux longues années passées chez le câblo-opérateur TCI, qu’il a dirigé de 1973 à sa fusion avec le géant des télécoms AT&T en 1999. John Malone opère davantage dans l’ombre aujourd’hui, à travers une cascade de holdings comme Liberty Media et Liberty Global. Ces sociétés, construites au fil d’une série de scissions, sont habituées des montages financiers souvent complexes et lourds en endettement, mais limitant la facture fiscale de leurs actionnaires. C’est avec elles que le milliardaire est parti ces dernières années à l’assaut de l’industrie européenne de la câblo-diffusion, rachetant pour des dizaines de milliards de dollars notamment Ziggo aux Pays-Bas, Unity Media et Kabel BW en Allemagne, ou Virgin Media au Royaume-Uni. Aux Etats-Unis, il était aussi impliqué dans la méga-fusion finalisée au printemps entre Charter Communications (dont il contrôle une partie du capital), Time Warner Cable et Bright House Networks. A côté de la câblo-distribution, John Malone s’immisce depuis des décennies dans les jeux de pouvoir autour des contenus de cinéma et de tv. Après avoir prôné l’an dernier l’augmentation de l’échelle des groupes de médias face au difficile environnement actuel, il a été considéré comme l’artisan du rapprochement annoncé en juin entre le réseau de tv payante Starz et les studios Lionsgate. Il était actionnaire des 2 entreprises. Il possède également une participation au sein de la chaine de tv Discovery qui contrôle elle-même la télévision sportive Eurosport. Auparavant, il a alterné depuis les années 1990 alliances de circonstance et luttes d’influence avec les autres grands magnats des médias aux Etats-Unis. Il s’en était ainsi pris dans les années 2000 à Rupert Murdoch. Inquiet de voir Liberty Media accumuler une importante participation dans sa société News Corp, Murdoch avait repris le contrôle de son empire en 2007, abandonnant toutefois en échange à Malone celui de l’opérateur satellitaire DirecTV.  Le rachat de Virgin Media en 2013 a été interprété comme le début d’une nouvelle attaque contre la famille Murdoch et notamment son bouquet satellitaire Sky, que Malone ambitionnerait de détrôner sur le marché britannique. Barry Diller (IAC) est un autre frère-ennemi, avec 17 ans de relations d’affaires émaillées de tensions et recours judiciaires croisés, jusqu’au divorce en 2010, quand Liberty Media est sorti du capital d’IAC. John Malone avait entre autres figuré parmi les alliés initiaux de Barry Diller lors de la bataille dans les années 1990 pour le contrôle de Paramount, finalement remportée par un autre magnat, Sumner Redstone (Viacom). Marié et père de 2 enfants, il one a adopté un mode de vie moins flamboyant que beaucoup d’autres milliardaires, faisant peu parler de lui pour sa vie privée.