La Chine fait appel à Discovery Channel

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Un architecte américain s’agrippe à l’échafaudage de bambou pour contempler les gratte-ciel de Shanghai: un plan étourdissant du nouveau documentaire télé de Discovery Channel… coproduit et initié par le gouvernement chinois, soucieux de muscler son pouvoir discret (soft power) à l’étranger. «Je filme et je mène des interviews dans des endroits rarement accessibles aux étrangers, j’enquête sur les aspirations d’une classe moyenne en rapide croissance», lance Danny Forster, face caméra, aux téléspectateurs. Ce que cet habitué des émissions télévisées à grand spectacle ne dit pas, c’est que le tournage en question est subventionné par les autorités chinoises. Alors qu’il maintient une censure drastique en Chine même, Pékin cherche désespérément une martingale pour accroître son influence culturelle dans le monde et redorer son image. La télévision d’Etat CCTV a vu ses effectifs à l’étranger multipliés par dix entre 2010 et 2013, avec désormais 400 employés dans 70 bureaux pour alimenter ses chaînes multilingues. La Chine a également ouvert des «Instituts Confucius» de mandarin, souvent contestés, au sein d’universités étrangères. Pékin investit également beaucoup dans le cinéma même si le succès n’est toujours pas au rendez-vous à l’étanger. Échaudé par ces résultats mitigés, le régime a adopté une stratégie plus subtile. Il investit massivement dans des «documentaires» sur la Chine, présentés par des personnalités étrangères, diffusés par des chaînes de télévision internationales et reconnues… mais réalisés sous les auspices du Parti communiste pour en répercuter les messages clefs.