La Haute commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry s’est dite «effrayée» jeudi de la tendance «no kids» dans l’espace public, estimant que la lutte contre la surexposition des plus jeunes aux écrans passait également par une réflexion sur la place qui est accordée aux enfants au sein de la société. «La question du numérique et de la surexposition n’est pas seulement un enjeu de santé publique, c’est aussi une question qui se pose et qui est plus profonde : quelle est la place des enfants dans notre société? Quelle place on leur donne ?», a-t-elle déclaré lors de la présentation d’un rapport «Comment va la vie des enfants à l’ère numérique ?» à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à Paris. «Je suis assez effrayée, et je pèse mes mots, du développement de mouvements, d’espace «no kids», où les enfants ne sont plus les bienvenus, où les enfants sont invisibilisés, voire interdits», a-t-elle ajouté. Ce phénomène «privilégie le confort des adultes, au détriment de l’inclusion et le bien-être des plus jeunes», selon elle. «On a tous vécu ces scènes, soit dans les métros parisiens, dans le train ou au supermarché, ou dans des parcs où des adultes sont absolument excédés par le mouvement d’un enfant, par sa présence ou simplement par sa voix», a ajouté l’ancienne ministre déléguée chargée de l’Enfance. Face à «cette pression sociale», des parents «se retrouvent, en sachant que ce n’est pas le meilleur outil, à donner un dessin animé (…) une tablette». «Protéger les enfants des écrans, des algorithmes, c’est aussi leur donner une société où ils ont de l’espace pour eux, et donc, oui, une société bâtie à hauteur d’enfants, dans l’espace public y compris», a estimé la Haute commissaire.