La presse informatique en pleine mue pour reconquérir ses lecteurs

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    Nouvelles formules, collaboration avec le web: la presse écrite spécialisée dans les nouvelles technologies, aujourd’hui réduite à peau de chagrin, se transforme pour reconquérir lecteurs et annonceurs partis vers Internet, au prix souvent de réduction d’effectifs. Il y a un an disparaissait «Le Monde Informatique», «après vingt-sept ans de bons et loyaux services», comme l’écrivaient alors, amers, les salariés dans le dernier numéro de l’hebdomadaire. D’autres journaux, comme «Décision Informatique» ou encore «Distributique», ont également mis la clé sous la porte en 2007, année noire pour la presse informatique professionnelle. Principale raison, «la baisse des investissements publicitaires, de l’ordre de 10 à 15% ces dernières années», explique Reynald Fléchaux, un ancien du «Monde Informatique», devenu depuis rédacteur en chef du site LeMagIT.fr. «Les budgets ont été reportés sur le web» où le coût de la publicité est moins élevé, poursuit-il. La presse informatique, «très puissante dans les années 1990», a souffert de la concurrence d’Internet bien avant les medias généralistes, note Emmanuel Parody, responsable éditorial du groupe de presse en ligne CNET France qui détient notamment le site ZDNet.fr. «Son audience naturelle -informaticiens, férus de technologies- a tout simplement été la première à aller sur la Toile», analyse-t-il, estimant que «le modèle papier est fondamentalement condamné». Un avis que ne partage pas Alain Weill, P.-D.G. de NextRadioTV, qui s’est emparé début 2007 du groupe Tests (bientôt rebaptisé 01), leader français de l’information liée aux nouvelles technologies, alors en difficulté. Parti du constat que «les titres n’ont pas toujours su évoluer», il a décidé de se séparer de certains magazines et de relooker les trois restants: «01 Informatique» (à visée professionnelle), «Micro Hebdo» et «L’Ordinateur Individuel» (grand public), qui dominent leur marché avec respectivement 57 000, 167 000 et 132 000 exemplaires par mois, selon l’OJD, l’organisme de contrôle de la diffusion de la presse. «Nous sommes maintenant dans une phase de développement après avoir restructuré le groupe» pour le rendre rentable, souligne M. Weill. «A nous de faire revenir les annonceurs qui s’étaient détournés des supports papier après l’éclatement de la bulle Internet!». A la clé, d’importantes réductions d’effectifs -140 emplois supprimés sur 400- et le lancement de nouvelles formules pour «rendre les magazines plus attractifs et leur permettre de rivaliser avec les sites Internet», selon Alexandre Salque, chef de rubrique à «l’Ordinateur Individuel» (OI).