Le caricaturiste chinois Badiucao proteste contre Twitter pour avoir refusé son emoji spécial pour Tiananmen

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Le caricaturiste chinois Badiucao, qui suscite l’ire de Pékin pour des croquis satiriques qui lui ont valu d’être comparé à l’artiste Banksy, a annoncé jeudi une campagne de protestation contre Twitter qu’il accuse de se coucher devant le régime chinois. C’est la deuxième fois en une semaine que le réseau social essuie des critiques pour la façon dont il gère des contenus en lien avec la Chine.

Twitter a ainsi dû présenter ses excuses pour avoir par erreur suspendu des comptes critiques de Pékin, quelques jours avant les célébrations du 30ème anniversaire de la sanglante répression de Tiananmen.Badiucao, 33 ans, a indiqué qu’il avait contacté Twitter quelques jours avant l’anniversaire et proposé de créér un emoji spécial évoquant «l’homme au char» de Tiananmen pour l’accoler au hashtag #Tiananmen30.

Ce genre d’emoji a déjà été utilisé sur Twitter lors de divers événements, comme des élections nationales ou des sorties de film. Mais le réseau social, qui est bloqué en Chine, a répondu à Badiucao qu’il ne pourrait collaborer avec lui pour l’anniversaire de Tiananmen car «les emojis sont une ressource limitée à Twitter», selon un échange d’emails. «J’étais un peu perplexe», a confié l’artiste. «Comment peuvent-ils être une ressource limitée. Je leur ai demandé s’ils n’avaient pas suffisamment de graphistes ou si c’était un problème financier. Je n’ai pas été satisfait de leur explication selon laquelle la décision était ordinaire». Dans l’échange d’emails, Twitter se dit heureux de servir de plateforme pour des conversations sur Tiananmen. Mais Badiucao accuse le groupe d’avoir refusé de créer l’emoji pour ne pas susciter la colère des autorités chinoises. En Chine, la brutale répression des rassemblements de la place Tiananmen le 4 juin 1989 est complètement taboue. Badiucao, qui vit en exil en Australie, observe que si Twitter est banni en Chine, le réseau social accepte des publicités d’entreprises chinoises. «Travailler avec moi est très problématique» pour Twitter, estime-t-il. «Ils pensent au marché chinois, aux rentrées publicitaires. D’une certaine façon, ils transigent avec leur défense de principe de la liberté d’expression». Une source au sein de Twitter a cependant indiqué que le groupe n’avait pas eu le temps de mettre en place un emoji particulier pour l’anniversaire de Tiananmen, en expliquant que les emojis spéciaux étaient généralement préparés des mois en avance. Cette source a également rappelé l’importance des discussions sur Twitter au sujet de Tiananmen. De son côté, Badiucao a indiqué que sa campagne de protestation débuterait vendredi. Il appelle les usagers à poster des selfies avec son emoji Tiananmen, ou leur propre dessin, avec le hashtag #Tiananmen31, en prévision de l’anniversaire de l’an prochain. «J’ai désormais donné une année entière à Twitter pour le faire», a-t-il dit. «Nous verrons quelle excuse ils trouveront».