Le ministère de la Culture rappelle à l’ordre les dirigeants de grands établissements publics

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Notes de taxis, travaux, invitations, collaborateurs… Le ministère de la Culture a rappelé à l’ordre mercredi les dirigeants de grands établissements publics pour prévenir toute dérive après les médiatiques affaires du bureau de Mathieu Gallet à Radio France et des taxis d’Agnès Saal à l’INA. Le ministère de la Culture a envoyé aux responsables des 75 établissements nationaux culturels (musées, bibliothèques, théâtres, écoles supérieures d’architectures, etc.) ainsi qu’aux sociétés de l’audiovisuel public (Radio France et France Télévisions) et à l’AFP une circulaire d’«instruction» d’une douzaine de pages visant à «rappeler voire renforcer un certain nombre de règles». Il s’agit d’abord d’une piqûre de rappel, sur les logements, les véhicules de fonction, les invitations ou encore la mise en concurrence des marchés ou les points de déontologie. Mais la précision de certaines de ces «instructions» sonnent néanmoins comme un rappel à l’ordre après les différentes affaires ayant récemment secoué l’INA (Institut de l’audiovisuel public) ou Radio France. Par exemple, dans le cas où un dirigeant choisi un «abonnement taxi» plutôt qu’un véhicule de fonction pour ses déplacement professionnels, «cette possibilité doit être utilisée avec un plafonnement de la dépense annuelle» et «une interdiction des services d’attente entre deux courses», stipule ce document.  Une mise au point alors que l’ex-directrice de l’INA, Agnès Saal, visée par des procédures judiciaire et administrative en raisons de ses frais de taxis: 40.000 euros en dix mois quand elle présidait l’INA, dont une partie liée à des utilisations par son fils, et 38.000 euros de notes présentées entre janvier 2013 et avril 2014, période où elle était DG du centre Georges-Pompidou. Les turbulences ayant entouré en début d’année le président de Radio France Mathieu Gallet, à la suite d’une coûteuse rénovation de son bureau après sa nomination et de l’embauche d’un consultant extérieur dédié à sa propre communication pour 90.000 euros, semblent aussi avoir inspiré certains des points. «Les travaux de rénovation des bureaux des dirigeants (…) doivent être réalisés dans un esprit d’économie», souligne la circulaire, en appelant aussi à «proscrire le lancement de travaux lors d’un changement de dirigeant». Ailleurs, dans le chapitre «prestations d’étude ou de conseil», le texte appelle aussi à «proscrire» une «prestation de conseil portant, par exemple, sur l’image personnelle d’un dirigeant» et insiste sur la nécessité d’une stricte mise en concurrence des candidats pour toute prestation. 

Le document demande aussi «un plafonnement de la dépense» des cartes de paiement mises à disposition. Pour s’assurer de l’application de ces «instructions», le gouvernement entend renforcer le droit de regard des conseils d’administration sur les dépenses des principaux dirigeants. D’ici la fin de l’année, tous les établissements publics devront adopter un «document unique de cadrage» répertoriant «l’ensemble des règles et procédures internes» concernant les moyens mis à disposition des responsables. Ce document, qui n’existe encore dans aucun établissement selon le ministère, devra mentionner les dérogations possibles «en raison de circonstances particulières» comme certains déplacements spécifiques.De même, ces établissements devront désormais tenir à jour un «tableau de bord» permettant de suivre les dépenses des dirigeants. Ce «tableau de bord» devra être présenté au moins tous les trimestres. Dans les comptes annuels, les frais devront aussi être individualisés pour le président et le directeur.