Les opérateurs français défendent l’intérêt de leurs réseaux 3G

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    Alors que la télévision mobile par ondes hertziennes est attendue en France en 2008, les opérateurs défendent l’intérêt des réseaux télécoms 3G qui, eux seuls, permettent de distribuer un grand nombre de chaînes et de la vidéo à la demande. «La télévision mobile existe déjà depuis 2004 en France, grâce à la 3G», rappelle Georges Penalver, directeur de la stratégie de France Télécom, lors du marché MipCom des contenus audiovisuels, à Cannes. La téléphonie mobile de troisième génération, ou 3G, est une technologie qui permet de meilleurs débits pour transmettre des données (Internet, vidéos…) vers ou depuis un mobile. Déployée en France par Orange et SFR (Bouygues Telecom commence tout juste), elle a coûté très cher aux opérateurs, soit 3 milliards d’euros chacun sur dix ans pour construire un réseau. Pour la rentabiliser, ils y diffusent des contenus, dont la télévision. Pourtant l’offre reste confidentielle: selon l’institut M:Metrics, seuls 0,95% des clients mobiles regardent la télévision sur leur téléphone en France, chiffre dans la moyenne europénne (0,75% en Espagne, 0,44% en Allemagne…). Orange revendique 600 000 utilisateurs actifs par mois pour un bouquet de 62 chaînes facturé 6 à 12 euros par mois, SFR 140 000 abonnés pour un bouquet d’environ 80 chaînes facturé 6 à 10 euros. «Ce que nous avons fait pendant ces trois ans, c’est construire le marché de la télévision mobile, mais la 3G n’est pas adaptée à un marché de masse», reconnaît Solène Jaboulet, directrice de la télévision mobile chez SFR. Les réseaux 3G saturent quand trop de clients l’utilisent en même temps. La diffusion hertzienne par le DVB-H, déclinaison mobile de la télévision numérique terrestre (TNT), dopera l’usage, avec 125 millions d’abonnés dans le monde prévus en 2010. Déjà lancée dans plusieurs pays européens et asiatiques, elle doit arriver en France en 2008, avant les Jeux olympiques de Pékin. «Le problème avec la diffusion 3G est que le client doit payer pour chaque minute où il regarde la télévision alors que le DVB-H permettra un usage illimité», remarque Frédéric Vincent, directeur du développement de Canal+. C’est aussi pour les diffuseurs de contenus un moyen de contourner les opérateurs car le DVB-H n’emprunte pas le réseau mobile. Mais les opérateurs refusent de croire que le DVB-H sonnera le glas de la télévision mobile par 3G: «La télévision mobile est au coeur de la stratégie de France Télécom», affirme M. Penalver, qui rappelle qu’»Orange a été le premier à y avoir cru». «La diffusion hertzienne permettra une audience plus importante mais le nombre de chaînes sera limité (20 à 30 maximum, ndlr), tout comme la couverture du territoire au début», note Mme Jaboulet. Ayant équipé nombre de leurs clients avec des mobiles 3G (le DVB-H demandera de nouveaux téléphones, encore introuvables en France), les opérateurs pensent avoir leur carte à jouer: «La 3G permet un nombre illimité de chaînes, de la vidéo à la demande (contrairement au DVB-H, ndlr) et elle couvre beaucoup mieux le territoire», selon Mme Jaboulet. Avec le DVB-H, tous les opérateurs proposeront les mêmes chaînes, et c’est sur la 3G que se jouera la concurrence: «La différenciation se fera sur les offres de chaînes, sur la vidéo à la demande qu’on proposera et sur la couverture à l’intérieur des bâtiments», estime M. Penalver. Le client pourra opter pour un bouquet DVB-H, plus généraliste, un bouquet 3G axé sur les chaînes thématiques, ou les deux… Chacun sera payant, diffuseurs de contenus et opérateurs s’accordant sur ce point.