Les professionnels de l’audiovisuel cherchent des pistes d’évolution

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Meilleure régulation dans un monde numérique, rééquilibrage des relations entre producteurs et chaînes, élargissement de la redevance, publicité…: les professionnels de l’audiovisuel ont évoqué mercredi des pistes d’évolution pour la télévision, dans un contexte économique difficile. 

Réunis pour des «assises de l’audiovisuel» sous l’égide de la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, dirigeants de chaînes, producteurs, auteurs ou parlementaires ont formulé des propositions pour l’avenir du secteur, avec un accent mis notamment sur les questions de financement. Alors que le service public est confronté à une baisse de ses dotations et de ses ressources publicitaires, le président de France Télévisions Rémy Pflimlin a notamment plaidé en faveur d’un rétablissement modéré de la publicité sur le service public après 20H00, avec «quelques spots entre 20H00 et 21H00». Une piste cependant écartée par Aurélie Filippetti. «Le retour de la publicité en soirée sur les chaînes de France Télévisions ne me semble être ni la panacée ni la question clé», a-t-elle dit. Autre piste, en faveur de laquelle penche plutôt la ministre, l’élargissement de l’assiette de la redevance à tous les supports (y compris les ordinateurs et tablettes) a été défendue par le sénateur (PS) David Assouline. «Arrêtons le bricolage, voyons ce qui a du sens», a-t-il dit. Afin de trouver de nouvelles ressources dans un contexte marqué par une baisse des investissements publicitaires, plusieurs chaînes ont aussi demandé un allègement de la réglementation en matière de publicité à la télévision. Parmi les pistes évoquées, un possible élargissement à des secteurs jusqu’ici interdits de spots sur le petit écran, comme le cinéma, les opérations de promotion de la grande distribution ou le livre, ou encore l’autorisation du placement de produits dans les émissions de divertissement.  «Il faut élargir les règles. Il y a des règles absurdes», a plaidé le patron de M6 Nicolas de Tavernost.  «Qu’aujourd’hui, sur les chaînes hertziennes, il y ait encore des annonceurs qui n’aient pas le droit de faire de publicité, ce n’est qu’en France que ça existe», a regretté de son côté Alain Weill, président du groupe NextRadioTV (RMC, BFM TV, RMC Découverte). Sur ce point, la ministre a indiqué qu’elle allait «organiser une consultation avec l’ensemble des professionnels concernés». Autre sujet, sur lequel les débats ont été houleux, l’épineuse question des relations entre chaînes de télévision et producteurs indépendants. Actuellement, seuls les producteurs détiennent les droits des programmes même si les chaînes participent au financement. Un principe sur lequel les chaînes veulent revenir dans la foulée du rapport du sénateur Jean-Pierre Plancade (PRG) diffusé vendredi, qui a proposé de mettre fin au système actuel. 

Alors que les chaînes sont à cours de financement avec la baisse des recettes publicitaires engendrée par la crise et la multiplication de l’offre, une telle mesure leur offrirait une nouvelle source de revenus. «Il y a urgence. On est aujourd’hui dans une situation où le temps nous est compté», a souligné le Président Directeur Général de TF1 Nonce Paolini, appelant à «une refondation de la réglementation».  «Il faut que certaines choses changent», a également jugé Bruno Patino, directeur général délégué en charge des programmes et des antennes de France  Télévisions, demandant une «adaptation des droits». Les producteurs, eux, ont réaffirmé leur hostilité à céder aux chaînes une partie de leurs droits.