Les superproductions étrangères séduites par la banlieue parisienne

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«Les cités tendues et les terrains vagues, c’est du passé.» Ces derniers mois, des superproductions étrangères ont choisi la banlieue pour ses décors urbains originaux, comme Noisy-le-Grand qui a prêté ses ensembles futuristes au tournage du 4ème épisode de «Hunger Games». C’était en mai et la guerre faisait rage dans la ville nouvelle du «9-3». 

Après Ivry-sur-Seine, l’équipe de la saga post-apocalyptique s’installait pendant 2 semaines au coeur des fameux Espaces d’Abraxas, cité colossale d’esprit néoclassique imaginée en 1978 par l’architecte catalan Ricardo Bofill. Il y a 30 ans, Terry Gilliam y avait déjà posé ses caméras pour le film culte d’anticipation «Brazil». Du haut de ses 18 étages, le «Palacio», avec ses colonnes antiques, son dédale de coursives et ses ornements d’inspiration futuriste, collait parfaitement aux bâtiments de «Panem», la société totalitaire décrite dans les romans de Suzanne Collins. A l’écrit comme sur grand écran, la saga affole la jeunesse, qui suit avec fébrilité la lutte à mort de la jeune Katniss (Jennifer Lawrence) pour sa survie. Le 3ème opus, «La Révolte: partie 1», est sorti en salles mercredi. Pour voir la «partie 2», tournée à Noisy, il faudra patienter encore un an. Avec un tel phénomène du box-office sur ses terres, Noisy a posé ses conditions: «On leur a dit: vous êtes les bienvenus, on veut vous donner un coup de main mais nous, notre préoccupation c’est qu’on ne sorte pas du film en se disant «Noisy c’est l’enfer». De ce point de vue-là, le contrat a été très bien respecté», affirme l’adjoint au maire Emmanuel Constant. Sortir des clichés, c’est justement l’une des missions du Pôle Média Grand Paris, l’organisme de promotion de la Seine-Saint-Denis auprès des sociétés de production. «Il y a quelques années, des réalisateurs et producteurs étrangers se mettaient en quête des clichés de la banlieue, les cités tendues, les lieux interlopes, les terrains vagues… mais ça, c’est du passé», assure son responsable, Stephan Bender. Depuis 2 ans, quelque chose a changé: de plus en plus de grosses productions étrangères s’intéressent aux décors de la banlieue, séduites par ses «richesses architecturales insoupçonnées». Changement de décor… Après Aubervilliers et Les Lilas, c’est à Clichy (Hauts-de-Seine) que s’est installée le 8 novembre l’équipe de «Bastille Day», thriller où il est question de déjouer un attentat programmé à Paris. Derrière la devanture passée d’un ancien garage automobile, près d’une centaine de personnes s’activent dans une cour délabrée, dont Idris Elba, l’acteur du film «Mandela». Le lieu a été choisi après un long repérage par des équipes françaises. Aujourd’hui, «les tournages sont plus longs, plus implantés (…) il y a une véritable volonté d’utiliser le tissu urbain de la banlieue comme un élément du film», explique Stephan Bender. Le dynamisme des productions étrangères en banlieue suit une tendance nationale amorcée depuis 2009 et la mise en place d’un crédit d’impôt international. Le nombre des journées de tournages étrangers en France est ainsi passé de 105, en 2009, à 423, en 2013, générant au total plus de 323 millions d’euros de dépenses directes, incluant emplois et industries techniques, selon la commission nationale du Film France qui instruit les dossiers de crédits d’impôt.