L’IA imprime sa marque dans le quotidien des plus grandes entreprises

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Productivité, détection des fraudes, conseils personnalisés, recherche médicale: l’IA s’est rapidement imposée dans le quotidien des plus grandes entreprises, en France et ailleurs. Depuis le lancement de ChatGPT par la société américaine OpenAI, les innovation se multiplient. France Travail, TotalEnergies, BNP Paribas, Axa, LVMH, L’Oréal ou encore Nestlé: mi-mars, des dizaines de responsables, invités par Microsoft, se sont succédé à la tribune de «l’IA Tour» pour partager leur utilisation de l’IA au quotidien. Cet évènement organisé à Paris au Carrousel du Louvre affichait complet, signe de l’engouement pour cette technologie qui pourrait bien révolutionner le quotidien de millions d’employés. Lundi, le «Raise Summit» réunissait à son tour à Paris plusieurs décideurs, dont Arthur Mensch, co-fondateur de MistralAI, l’entreprise européenne considérée comme la plus avancée dans l’IA générative: un programme capable de formuler des phrases cohérentes et souvent justes à partir de simples questions ou demandes formulées par un utilisateur. Intégré par Microsoft dans ses logiciels de bureautique via un service payant baptisé «Copilot», ChatGPT résume des mails ou pages web, facilite les recherches et la rédaction de présentations, permet de préparer des réunions prévues en fonction des participants. Le groupe mise sur ce «Copilot» pour démocratiser l’IA dans les entreprises. «Déployer des outils de productivité» pour les employés, par exemple une «interface pour rechercher de l’information plus rapidement dans toutes les bases de données de l’entreprise», est souvent une des 1ères mises en pratique de l’IA pour les employés, explique Nicolas de Bellefonds, directeur monde de BCG X, l’activité IA du cabinet de conseil BCG. Viennent ensuite les applis ciblées, comme les centres d’appel, le développement informatique ou le marketing. Il reste des problèmes: l’IA peut «halluciner», c’est-à-dire inventer des références, ou ses réponses peuvent carrément être hors sujet. Car l’IA ne réfléchit pas comme un humain; elle ajoute en général derrière chaque mot le plus probable suivant, en fonction d’un corpus de textes que ses créateurs lui ont fait lire. Et l’énorme besoin en énergie pour entrainer et faire fonctionner une IA générative est souvent critiquée. Mais ces technologies sont «déjà matures et fonctionnent sur certains sujets bien définis», ajoute l’expert. «Sur un certain nombre de tâches, on a des gains de vitesse très significatifs», qui peuvent atteindre 70% dans les relations client, et aussi «des gains de qualité», selon BCG. «Ce qui est sûr, c’est que ça va profondément changer nos manières de travailler», note-t-il. Développée depuis plus longtemps que l’IA générative, l’IA par apprentissage (machine learning) permet notamment d’analyser des images. Elle contribue ainsi par exemple à la traque de fuites de méthane, ou au diagnostic de certains cancers. Chez Engie, l’IA par apprentissage permet de prédire le rendement d’éoliennes. TotalEnergies a annoncé fin février l’achat de licences «Copilot» pour ses collaborateurs. Les assureurs ont également recours à l’IA pour déceler la fraude. Et des banques comme BNP Paribas s’appuient sur une analyse automatisée de dossiers clients dans le cadre des obligations règlementaires comme la lutte contre le blanchiment. L’IA détecte mieux qu’un humain des montages financiers complexes et illégaux, a détaillé Hugues Even, responsable data du groupe. Quelque 20.000 employés du géant du luxe LVMH utilisent aujourd’hui une IA interne basée sur ChatGPT, baptisée «MaIA», qui permet de synthétiser des documents ou encore de générer des mails. Mais la validation par des humains reste nécessaire. Il faudra un oeil expert «probablement pour très longtemps, pour contrôler ce qui est produit, retoucher et le valider», note Nicolas de Bellefonds.