L’intrus d’un direct télé condamné pour diffamation

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Ces perturbations se veulent des blagues mais, pour les journalistes, les conséquences peuvent être tout sauf drôles: un homme a été condamné pour diffamation cinq ans après avoir interrompu un direct télé en accusant à tort le reporter d’être en couple avec sa soeur adolescente.
«C’est un cas d’école sur l’idée selon laquelle on peut tout se permettre lors des directs», dit le journaliste, Jean-Rémi Baudot, à qui cet incident a valu un «harcèlement» sur les réseaux sociaux.
En 2017, alors employé par la chaîne d’information en continu BFMTV, il fait un duplex en direct dans une rue de Paris pour les élections législatives.
Un homme arrive par derrière et l’interrompt sans ménagement: «C’est toi Jean-Rémi qui sors avec ma soeur de 16 ans? Sale bâtard, c’est toi qui sors avec ma soeur de 16 ans?». Le journaliste est interloqué et le direct rapidement coupé. L’intrus est un habitué de ce genre de canulars, qu’il poste sur YouTube et les réseaux sociaux sous le pseudo de «Will le perturbateur».
La séquence tourne massivement sur Internet. «Cette histoire peut prêter à sourire, mais c’est cinq ans pendant lesquels j’ai reçu des messages d’insultes et ai été traité de pédophile», dit M. Baudot.
«Dès que vous tapez mon nom sur Google, c’est ça qui sort, alors que mon métier, c’est l’interview politique. Ça crée un soupçon, d’autant plus quand la vidéo est sortie de son contexte», déplore le journaliste, qui travaille aujourd’hui pour les chaînes franceinfo et LCP.
Après sa plainte, le perturbateur a été condamné pour diffamation publique le 9 mars par le tribunal correctionnel de Paris, selon la décision.
Il doit payer 800 euros d’amende et un total de près de 4.000 euros de dommages et intérêts. Il doit également retirer la vidéo de ses comptes TikTok, Twitter et Instagram. Il n’était ni présent ni représenté à l’audience et n’a pas fait appel.
Cette histoire illustre «la nécessité d’assurer la protection des journalistes qui travaillent au milieu du public et se trouvent de plus en plus confrontés à une violence verbale et physique», a déclaré l’avocat de M. Baudot, Me Pierre-Randolph Dufau.
«La direction de BFMTV ne souhaite pas laisser se perpétuer ce type de comportement qui entrave le travail et la tranquillité de ses journalistes et agira à l’encontre de tous ceux qui réitéreraient des incidents similaires à l’antenne», a réagi BFMTV.