Ode au courage d’être soi dans «Miss», en salles ce mercredi

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Ode au courage d’être soi, «Miss», en salles mercredi malgré un contexte peu propice aux sorties cinéma, évoque la question du genre à travers l’histoire touchante d’un jeune garçon qui rêve de devenir… Miss France. Salué lors du dernier Festival de comédie de l’Alpe d’Huez où il était présenté hors compétition, «Miss» devait sortir le 11 mars, mais la production l’a repoussé une première fois à la fin septembre.

«On a finalement décidé de le sortir mercredi, malgré le couvre-feu», explique le réalisateur Ruben Alves. «Mon film parle de courage. On est en osmose: si les films ne sortent pas, les salles fermeront». «Les gens ont besoin d’émotions», estime le réalisateur. «Si les exploitants nous gardent plus longtemps à l’affiche, d’autant plus en l’absence des blockbusters américains, ça peut fonctionner!».

Le réalisateur franco-portugais signe là son deuxième long métrage après un premier film remarqué, «La Cage dorée» sur un couple de concierges. «Depuis plusieurs années, je souhaitais aborder la question du genre, de la quête de soi, de la différence et du courage que cela implique pour s’assumer et faire bouger les lignes dans une société très uniformisée», raconte le réalisateur. «Le film est né de ma rencontre avec l’acteur principal Alexandre Wetter, aux traits androgynes qui a défilé en femme pour Jean Paul Gaultier. On s’est demandé ce que pourrait être le rêve absolu d’un garçon pour assouvir sa féminité. Dans un éclat de rire, on s’est dit que ce serait de devenir Miss France!», ajoute Ruben Alves. Au gré des étapes d’un concours sans merci, aidé par une famille de coeur pittoresque, Alex, le héros du film devenu adulte, réalisera son rêve tout en conquérant sa part de féminité. «On ne fait jamais un film pour rien, mais «Miss» n’est pas un film militant. Toutefois, si après la séance, un spectateur porte un regard plus ouvert sur une personne différente, ce sera gagné», estime le réalisateur. Dans le rôle d’Alex devenue Alexandra, Alexandre Wetter livre une véritable performance, tout comme Thibault de Montalembert, l’une des stars de la série «Dix pour cent», qui campe une prostituée travestie.

Isabelle Nanty en logeuse au grand coeur et mère de substitution, complète à merveille cette galerie de personnages haut en couleurs dans un hommage assumé de Ruben Alves à Almodovar, son «maître de cinéma». Comédie sociale à la fois drôle et touchante, «Miss» enrôle aussi Amanda Lear pour une courte scène qui s’annonce culte.

En spécialiste de la féminité, son personnage prodigue ses conseils pour transformer un homme en femme.  «Tu ne seras jamais une vraie femme, mais sois authentique dans ta féminité: sexy, drôle, consensuelle, rebelle et soumise…», recommande son personnage de mère maquerelle sarcastique à Alex/Alexandra venu la consulter. Alexandre Wetter confie que dans la vie normale, il ne s’habille pas en femme: «je n’ai d’ailleurs jamais voulu être une femme. Je veux juste comprendre et explorer ma part de féminin que nous avons tous», confie-t-il. Sylvie Tellier, présidente de la société Miss France qui fête cette année le centenaire du concours, joue son propre rôle.

«Demain, si un garçon ayant changé de sexe avec un état civil féminin, se présente pour Miss France, je ne vais pas lui faire passer de visite médicale», a-t-elle confié dans «Le Parisien». «Mais, je ne pense pas que les Français soient prêts à élire une Miss transsexuelle…».