Orange propose au sous-traitant en difficulté Scopelec un soutien
jusqu’à mi-2023

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Orange a proposé jeudi à son sous-traitant en difficulté Scopelec de lui fournir un surcroît d’activité jusqu’à mi-2023, afin de l’aider à franchir la mauvaise passe due à la récente perte de contrats avec le géant français des télécoms.
Cette proposition a été divulguée à l’issue d’un rendez-vous de représentants des salariés avec la ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher. De 150 à 200 salariés de Scopelec (une coopérative de 3.600 employés) s’étaient rassemblés dans la matinée près de la gare Saint-Lazare, non loin du siège de campagne d’Emmanuel Macron, où ils voulaient se rendre initialement. Ils n’ont pas pu y accéder, mais ont obtenu à la place un rendez-vous entre la ministre de l’Industrie et une délégation composée du président du conseil de surveillance Alain Thomas, qui représente les salariés coopérateurs, de représentants syndicaux et d’élus du personnel. «Pour la première fois, nous avons un peu plus d’espoir en sortant de réunion qu’en y rentrant», a estimé Alain Thomas. Scopelec est l’un des sous-traitants d’Orange pour la pose de la fibre jusqu’aux abonnés et l’entretien du réseau en cuivre. Premier groupe coopératif de France, il a appris en novembre qu’il avait perdu une part substantielle de ses contrats avec Orange, dans le cadre d’un nouvel appel d’offres de l’opérateur. Selon ses estimations, 40% de son chiffre d’affaires annuel (475 millions d’euros en 2021) vont ainsi s’envoler dans les mois à venir.Un millier d’emplois doivent être supprimés du fait de cette perte de contrats et le groupe, placé en procédure de sauvegarde, estime qu’il ne peut pas résister à la saignée en l’état actuel des choses. Selon le cabinet de Mme Pannier-Runacher, Orange propose désormais un surcroît d’activité de 18 mois à son sous-traitant pour l’aider à passer le cap. Le groupe, qui a l’État pour premier actionnaire, a mis sur la table un volume d’affaires supplémentaire d’environ 22 millions d’euros en 2022, puis 20 millions d’euros jusqu’à la fin du premier semestre 2023. La nouvelle directrice générale d’Orange Florence Heydemann doit par ailleurs s’entretenir «dans les prochains jours» du dossier avec le président du directoire de Scopelec Thomas Foppiani. Scopelec cherche aussi à obtenir d’Orange un soutien financier pour la mise en oeuvre du plan social qu’elle prévoit. Pour Orange, la réduction des contrats avec Scopelec s’inscrit dans un «contexte général de baisse d’activité» sur l’entretien du réseau en cuivre et de l’installation de la fibre, qu’il estime à environ 20% dans les années à venir.
L’opérateur, qui évoque aussi des problèmes de qualité concernant les prestations de Scopelec, souligne par ailleurs qu’il reste un sous-traitant important pour lui, malgré la réduction d’activité. Les deux groupes se retrouvent vendredi matin au tribunal de commerce de Paris. Scopelec accuse le géant des télécoms de «rupture brutale de la relation commerciale». «Comment décider de la disparition de la première coopérative de France (…) au profit d’entreprises purement capitalistiques, parfois plus motivées par les profits financiers que par le partage de la valeur avec les salariés?», interrogent par ailleurs les salariés-associés de Scopelec dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron divulguée mercredi. «Monsieur le président, monsieur le candidat, vous êtes en mesure de sauver Scopelec (…) et de sauver un modèle de société», concluent-ils.