P. CHAZAL (La Fabrique de Formats) : «La culture du format n’est pas encore suffisamment répandue chez les producteurs»

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Lancée à l’été 2016, la Fabrique des Formats se présente aujourd’hui comme un cluster dédié à l’innovation, à la fois audiovisuelle et numérique, dans la filière des formats TV. Elle a pour mission l’accompagnement et le financement de projets innovants par différents moyens. Entretien avec Philippe CHAZAL, Directeur général de La Fabrique des Formats, qui nous présente l’évolution de la structure et les nouveaux besoins dans le secteur des formats «made in France».

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Comment se positionne votre sociéte La Fabrique des Formats ? 

PHILIPPE CHAZAL

Plus que jamais, notre structure accompagne et finance des formats audiovisuels et digitaux. On s’intéresse à cette toute nouvelle génération de programmes suffisamment forts qui peuvent exister sur plusieurs saisons. Des programmes à la fois universels et malléables pour être vendus et exportés. Nous avons créé la Fabrique des Formats en 2016, suite à un constat partagé par beaucoup de professionnels (producteurs, diffuseurs et auteurs) en France. En matière de formats audiovisuels, la France avait pris un retard considérable.

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Quelle est la cause de ce retard ?

PHILIPPE CHAZAL

D’abord, il n’y a pas assez de financement dédié à la R&D et au développement des formats audiovisuels. Ensuite, le développement de formats demande des compétences particulières, notamment en termes d’écriture et de distribution. La Fabrique des Formats essaie de répondre à ces deux manques.

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Comment y parvenez-vous ?

PHILIPPE CHAZAL

Grâce à un double dispositif. Proposer d’une part, une offre de services de veille, de formation et d’expertise pour aider sur le plan professionnel les porteurs de projets de formats. Nous mettons à disposition un réseau de professionnels formés dans ce type d’univers. La veille internationale est souvent chère pour des producteurs de petites ou moyennes tailles. Nous avons passé un accord avec la banque de données internationales The Wit. D’autre part, nous mettons en place un fonds d’investissement dédié au financement de la création et du développement de projets de formats. On accompagne le passage du projet papier au projet pilote. Aujourd’hui, dans les principales négociations, en France ou ailleurs, le pilote est de plus en plus nécessaire.

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Combien de projets La Fabrique des Formats accompagne-t-elle ?

PHILIPPE CHAZAL

Seule une douzaine de projets par an font l’objet d’un investissement pour leur développement. Pour cela, nous fonctionnons en partenariat avec des festivals (Série séries, Sunny Side, MIFA,…), des marchés (MIPCOM, MIPTV,…), sociétés de production (comme Gédéon ou Federation) et des distributeurs. Chaque année, nous scellons près de 12 partenariats. Avec eux, nous lançons des appels à projets à partir de thématiques dédiées. On remonte ainsi 500 projets par an dont beaucoup ne sont pas des formats. Force est de constater que la culture du format n’est pas encore suffisamment répandue chez les producteurs. Une cinquantaine de projets est présélectionnée par un Comité de Sélection, puis douze.

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D’où vient cet investissement ?

PHILIPPE CHAZAL

On investit de 25.000 à 150.000 € par projet, à parité avec le producteur qui peut apporter sa convention d’écriture, valoriser les moyens techniques s’il en a. Cet argent vient du fonds d’investissement de la Fabrique des Formats qui est financé par la banque privée Natixis à travers sa filiale Alliance Entreprendre qui s’intéresse plus particulièrement au secteur de l’audiovisuel, et un fond public intitulé Fonds Revital’Emploi. A l’été 2016, le fonds d’investissement de la Fabrique des Formats a effectué une première levée de fonds de 2 millions d’euros.

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Des formats ont-ils vu le jour ?

PHILIPPE CHAZAL

Depuis 1 an et demi, les projets sélectionnés sont quasiment tous en production de leur pilote. Nous avons déjà eu un programme mis à l’antenne. Il s’agissait de «Drone Challenge Arena» (Ah Production !) sur France 4, un divertissement de Prime basé sur une compétition de drones.

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Quels sont les autres projets en production ?

PHILIPPE CHAZAL

Sans entrer dans les détails, nous avons des divertissements, jeux quotidiens, fictions et collections documentaires.

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Un dernier mot ?

PHILIPPE CHAZAL

Nous sommes en première ligne sur les mutations rapides du secteur. La Fabrique des Formats est le seul cluster en France qui a ce type d’activités. Nos producteurs doivent apprendre à viser d’autres marchés. La dimension internationale est un élément clé qu’il faut l’intégrer au processus dès le départ. De manière complémentaire, les projets doivent être accompagnés par des distributeurs internationaux. Dans cette perspective, on finance aussi bien les pilotes en français qu’en anglais pour toucher l’international.