La Russie accuse France 24 d’avoir violé la loi sur les médias 

351
FRANCE 24

L’autorité de contrôle des médias russes a accusé vendredi la chaîne de télévision française France 24 d’avoir violé la loi russe sur les médias, peu après l’avertissement adressé par le régulateur français à la chaîne russe RT France.

La rédactrice en chef du groupe RT, Margarita Simonian, a réagi en expliquant à l’agence publique Ria-Novosti que la Russie «peut se permettre le luxe de prendre des mesures de rétorsion».

Dans un communiqué, l’agence fédérale Roskomnadzor indique avoir «identifié une violation de l’article 19.1 de la loi sur les médias de la part de France 24». Elle avertit la chaîne que ses activités risquent d’être «suspendues sur décision de justice».

La chaîne de télévision France 24 est diffusée en anglais et en français sur des bouquets d’opérateurs télécoms en Russie.

La loi en question limite la participation étrangère au capital des médias diffusant sur le sol russe.

«Des informations sur les mesures prises pour mettre fin aux infractions commises» doivent être «au plus vite» transmises à Roskomnadzor, a-t-elle indiqué, sans préciser le délai imparti.

Un porte-parole de France 24 a indiqué vendredi n’avoir «aucun commentaire» à faire sur cette décision, la chaîne n’ayant «rien reçu» de la part des autorités russes, que ce soit en France ou en Russie.

«Nous respectons les lois des pays dans lesquels nous sommes diffusés», a-t-il souligné.

La chaîne était regardée en Russie chaque semaine par 1,348 million de téléspectateurs vivant dans les grandes agglomérations, selon une mesure d’audience datant de 2014.

Cet avertissement de Roskomnadzor intervient au lendemain d’une «mise en demeure» du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) à la branche française de la chaîne russe RT, contrôlée par le Kremlin.

Accusée par le CSA de «manquements à l’honnêteté, à la rigueur de l’information et à la diversité des points de vue» dans un sujet sur la Syrie, la chaîne a plaidé dans un communiqué «une erreur purement technique, qui a été corrigée».

Dans ce sujet, intitulé «Attaques simulées» et diffusé le 13 avril, «contestant la réalité des attaques à l’arme chimique dans la région syrienne de la Ghouta orientale», le CSA avait notamment observé «que la traduction orale des propos tenus par un témoin syrien ne correspondait en rien à ce qu’il exprimait à l’antenne».

Considérée par Washington comme un organe de propagande pro-Kremlin, RT avait signé dès 2015 avec le CSA une convention qui lui impose des engagements renforcés en matière «d’honnêteté et d’indépendance de l’information».

Au Royaume-Uni, le régulateur de l’audiovisuel (Ofcom) a déjà émis une dizaine de mises en demeure contre RT et l’a menacée de sanction, pour des sujets notamment sur la Syrie et l’Ukraine.