S. MOATI (Festival de Luchon) : «La multiplicité des écrans n’impacte pas la qualité des œuvres»

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Serge MOATI, Président de du Festival des Créations Télévisuelles de Luchon

Du 7 au 11 février 2018, se tient le 20ème Festival des Créations Télévisuelles de Luchon. Promesse de l’événement : proposer le meilleur de la télévision. Tour d’horizon avec Serge MOATI, Président de du Festival des Créations Télévisuelles de Luchon.

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Vous dites «il n’y a pas une télévision, mais des écrans». Quelle est votre vision du secteur ?

Serge MOATI

La notion d’écran unique de télévision a tendance à s’atténuer. Mes enfants ne regardent pas moins la télévision mais d’une manière diverse. Dans ma jeunesse, la notion de rendez-vous avait toute sa teneur. Aujourd’hui, les cartes sont rebattues. Pour autant, la télévision va bien. Les chiffres de Médiamétrie sont implacables. En 2017, les Français regardent toujours autant la télévision : 3h51 en moyenne par jour et par individu, sur tous les écrans. La fiction en général et la fiction française en particulier, demeure le socle de cette consommation. Premier genre de programmes proposé avec 23,2% de l’offre télévisuelle, c’est aussi le premier genre consommé puisque le quart de ce qui se regarde à la télévision est une fiction. C’est une grande leçon d’optimisme qui nous est donnée sur la qualité des programmes. Tous ceux qui sont d’ailleurs primés à Luchon ont été des succès d’audience incroyables. C’est un vrai thermomètre.

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La multiplicité des écrans impacte-t-elle la création ?

Serge MOATI

Je ne le pense pas. Il faut juste retenir l’idée suivante : la vie d’une œuvre à la télévision ne limite plus à une diffusion linéaire. Elle a plusieurs vies par la suite.

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Qui dit multiplication des écrans, dit généralement fragmentation des audiences. Non ?

Serge MOATI

Ce phénomène incite surtout les diffuseurs, producteurs, réalisateurs et auteurs à être encore plus qualitatifs dans la fabrication de leurs œuvres. Il faut voir la multiplication des écrans comme une opportunité et non comme une contrainte.

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Avec la multiplicité de festivals audiovisuels, de La Rochelle à Biarritz en passant par Lille et bientôt Cannes, quelle est la plus-value du Festival de Luchon ?

Serge MOATI

A Luchon, nous avons toutes sortes de programmes et de genres mis en avant. Des fictions unitaires, des séries mais aussi des web-fiction et des documentaires nationaux, régionaux sur toutes sortes de supports. C’est le seul festival, qui, en toute indépendance éditoriale, culturelle et financière, offre un tel panel de programmes. (Le festival de Luchon dispose d’un budget de 800.000 €, ndlr).

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S’il y avait une réforme de l’audiovisuel à envisager, que feriez-vous ? 

Serge MOATI

Le vrai sujet, c’est d’avoir une direction des programmes ambitieuse. Je pense que cela pourrait fonctionner encore mieux si au lieu de s’occuper de structure d’audience et de cibles, ils se concentraient davantage sur le programme.

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Vous continuez votre métier de producteur ? 

Serge MOATI

Oui, à travers ma structure Belvédère Productions. Je prépare un documentaire pour France 5, «Ma dernière campagne», un an après la Présidentielle. Pour cette même chaîne, je vais faire «Israël Café», un film pour les 70 ans d’Israël. J’écris également un long métrage de cinéma sur Sigmaringen, la fin du régime de Vichy. Je sors aussi deux romans.