Sebastian Kurz, l’ex-chancelier autrichien Sebastian Kurz, sur les bancs du tribunal cette semaine mais aussi à l’affiche de trois films

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Il n’est plus au pouvoir mais on ne parle que de lui: l’ex-chancelier autrichien Sebastian Kurz, sur les bancs du tribunal cette semaine, est aussi à l’affiche de trois films.

A longueur d’interviews, il répète ne plus avoir d’ambitions politiques, avoir tiré un trait sur sa carrière météorique qui l’a vu côtoyer les sommets à 30 ans à peine. Il n’empêche: il soigne toujours sa communication et les rumeurs de retour refont régulièrement surface. Le désormais consultant international de 37 ans s’affiche volontiers sur les réseaux sociaux aux côtés de ses anciens homologues.

Comme le dirigeant israélien Benjamin Netanyahu ou encore le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui l’a récemment reçu tel un chef d’Etat devant un drapeau autrichien.

Avant l’ouverture de son procès pour faux témoignage mercredi, on l’a vu apparaître sur un immense poster en ombre et lumières, placardé sur une des tours de Vienne. «Kurz – Le film», pouvait-on lire – un long métrage à sa gloire sorti en septembre et terni par des soupçons. Les personnes interviewées ont dit ne pas avoir été mis au courant du propos laudateur, tandis que des médias ont accusé les producteurs d’avoir gonflé les entrées au cinéma. L’ancien responsable conservateur a volontiers accordé un entretien pour ce film, boycottant un autre documentaire plus critique sur ses années au pouvoir. Dans les salles depuis mi-septembre, celui-ci s’intitule «Projekt Ballhausplatz», en référence au nom de code de l’opération qu’aurait ourdie Sebastian Kurz pour accéder à la chancellerie située sur cette fameuse place, au coeur de Vienne. En corrompant au passage instituts de sondages et tabloïds, selon l’enquête qui n’est pas encore bouclée. L’intéressé, qui nie les faits, a fustigé un film «pas objectif». Il lui préfère un troisième film: «Kurz – La Vérité», du controversé réalisateur croate Jakov Sedlar, qui dresse quant à lui un portrait hagiographique de l’ex-chancelier, avec sa contribution.

Sebastian Kurz sait se positionner «pour influencer en sa faveur le récit des films et livres», explique l’analyste Thomas Hofer, le qualifiant de «personnage d’opérette hollywoodien, entouré par un mythe puissant». S’il juge son retour dans l’arène politique «irréaliste à court terme», il ne l’exclut pas «dans trois à cinq ans, quand il aura blanchi son nom de toutes les accusations». L’ancien chancelier est avant tout intéressé par le «pouvoir», décrypte l’expert Peter Filzmaier, déplorant son «manque de vision» et son piètre «héritage» politique.