SFR-Numericable: Vivendi approché par Altice

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L’opérateur SFR, filiale dont Vivendi comptait se délester en l’introduisant en Bourse, semble en bonne voie de tomber dans l’escarcelle du câblo-opérateur Numericable, une opération qui pourrait amorcer une recomposition plus vaste du paysage français des télécoms.Vivendi a confirmé lundi avoir été approché par la holding Altice, maison-mère de Numericable, en vue d’un rapprochement de ce dernier avec sa filiale télécoms SFR.  

Mais il a précisé n’avoir reçu à ce jour «aucune offre formelle», et démenti des informations des «Echos» faisant état d’un accord de principe en vue d’une cession de SFR à Numericable. Selon le quotidien économique, une telle opération valoriserait SFR à plus de 15 milliards d’euros, avec des synergies attendues à 6 milliards d’euros. Si les 2 parties bouclent un accord, Altice détiendrait au final plus de 50% du nouvel ensemble SFR-Numericable, et Vivendi 32%, selon «Les Echos». «Les avantages seront avant tout financiers pour les deux parties: d’un côté, Vivendi va se débarrasser de sa filiale, se désendetter et récupérer du cash, et de l’autre, le fondateur d’Altice Patrick Drahi et sa cascade de structures juridiques vont mettre la main sur un opérateur actif», a commenté un expert du secteur. Vivendi avait annoncé en septembre un projet de scission du groupe – dans le cadre d’un recentrage sur ses activités médias – qui devait initialement déboucher sur une mise en Bourse de SFR. Ce projet avait aussitôt relancé les spéculations sur un futur mariage entre SFR et un concurrent. De son côté, Altice a fait ses premiers pas à la Bourse d’Amsterdam en janvier dernier et son fondateur Patrick Drahi n’a pas caché que cette cotation allait «aider au développement des plans stratégiques ambitieux» de la holding financière. Un rapprochement SFR/Numericable aurait de profondes répercussions sur le secteur. «Cette opération va se faire avec un fort endettement, et le nouvel ensemble sera donc condamné à dégager de gros dividendes, ce qui est assez éloigné de la volonté du gouvernement d’avoir des entreprises qui investissent. Et il y aura forcément de la casse sociale, sans parler de l’instabilité chez les abonnés», ajoute cet expert du secteur. 

Ce rapprochement va également entraîner une modification du paysage télécoms «non négligeable», résume-t-il, estimant cependant qu’une telle opération «ne produira pas d’effet positif pour ceux qui fusionnent avant deux ou trois ans». Le marché français des télécoms compte aujourd’hui quatre opérateurs : Orange, Bouygues Télécom, SFR et Free Mobile. 

Depuis janvier 2012 et l’arrivée du trublion Free sur le marché de la téléphonie mobile, ils n’ont cessé de se livrer à une surenchère sur les prix de la 3G puis de la 4G, non sans conséquences sur leurs marges et leur capacité d’investissement. Une fois SFR fusionné avec Numericable, le «scénario» suivant pourrait être «un rapprochement entre Iliad (Free) et Bouygues Telecom, ce qui ferait trois opérateurs télécoms sans grand déséquilibre de taille entre eux», estime cet expert. Cette éventualité, certes évoquée par de nombreux analystes, reste cependant suspendue aux personnalités très antagonistes des 2 dirigeants de ces groupes, Xavier Niel et Martin Bouygues, qui s’affrontent régulièrement par médias interposés.