Suppression redevance: «On a besoin d’un audiovisuel public fort», assure le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal

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Paris, mercredi 16 septembre 2020, Secretariat d'Etat aupres du Premier ministre, Porte-parolat du Gouvernement, Hotel Rothelin-Charolais. Gabrile ATTAL Secretaire d'Etat aupres du Premier ministre, Porte-parole du Gouvernement.

«On a besoin d’un audiovisuel public fort», a assuré mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, écartant la mise en danger de son financement et de son indépendance par la suppression de la redevance proposée la veille par le candidat Emmanuel Macron.
«Ce que nous proposons de supprimer, ça n’est pas le financement, c’est l’outil, c’est-à-dire la redevance, c’est-à-dire faire payer à 28 millions de Français 138 euros, quels que soient leurs revenus», a-t-il fait valoir sur France Inter.
«On a besoin d’un audiovisuel public fort dans un contexte de désinformation, dans un contexte où les géants du numérique font circuler des informations qui ne sont pas toujours sourcées, on a besoin d’un audiovisuel public parce qu’il participe aussi à la création française», a plaidé M. Attal. «On va continuer à le financer, à garantir ses moyens, à garantir son indépendance, à lui garantir de la visibilité sur le long terme», a-t-il ajouté. Il a évoqué la piste d’»un budget voté pour cinq ans», auquel «on ne peut pas déroger».
Emmanuel Macron s’est engagé, s’il était réélu, à supprimer la redevance télé, lundi lors de sa première sortie publique en tant que candidat à la présidentielle. Une suppression «cohérente» selon lui avec celle de la taxe d’habitation, l’une des mesures phares de sa campagne en 2017. Les candidats Valérie Pécresse (LR), Marine Le Pen (RN) et Éric Zemmour (Reconquêtes) ont aussi annoncé leur intention de supprimer la redevance, certains d’entre eux proposant de privatiser une partie ou la totalité des médias publics. Pour le patron des députés LREM Christophe Castaner, «il y a une énorme différence» avec les propositions de Marine Le Pen et Eric Zemmour: «l’un et l’autre veulent supprimer le service public audiovisuel.
Le président de la République est très attaché au service public audiovisuel. Par contre, la redevance TV est un impôt aujourd’hui qui est injuste, c’est un impôt archaïque», a-t-il argumenté sur France 2. «Nous prenons un engagement, celui de préserver le service public audiovisuel», a ajouté M. Castaner, précisant que les «3,9 milliards seront pris sur le budget de l’Etat» et «rendus aux Français, au pouvoir d’achat». Les recettes issues de la redevance représentent à l’heure actuelle 3,2 milliards d’euros, a indiqué mardi matin sur Sud Radio Olivier Dussopt. Mais «certains ménages, notamment ceux qui ont les revenus les plus bas, ne la paient pas: ça représente 600 millions (d’euros) d’exonération, que l’Etat compense à l’audiovisuel public», a précisé le ministre des Comptes publics – d’où les près de 4 milliards d’euros annuels mis en avant par M. Castaner.
Avec ces 600 millions, «l’audiovisuel public relève déjà d’une dotation budgétaire» de l’Etat, a relevé Olivier Dussopt. Depuis 2009, la contribution à l’audiovisuel public est payable par toute personne imposée à la taxe d’habitation et détenant un téléviseur. Son montant permet de financer les chaînes de TV et de radio du secteur public, comme France Télévisions, Radio France, Arte ou France Médias Monde (France 24, RFI…).