Tania KHALI, Directrice des acquisitions de programmes du groupe France Télévisions

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Achats de séries, négociations de droits, la direction des Acquisitions programmes du Groupe France Télévisions est l’une des rares Unités transversales du service public. Entretien avec Tania KHALI, Directrice des acquisitions de programmes du groupe France Télévisions. Elle nous détaille son approche du métier, de la concurrence et nous explique le fonctionnement de son département Acquisition.

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Comment s’articule votre politique d’acquisition ?

TANIA KHALI

Unité transversale de France Télévisions, notre direction «Acquisition» travaille au service des antennes du groupe. Nous répondons à leur demande tout en leur faisant des recommandations. Notre unité gère les achats de programmes de stock (films, téléfilms, court-métrages et séries étrangères) pour France 2, France 3, France 4 et France Ô. En tant qu’acheteur, nous travaillons avec tout le monde, que ce soit avec les Américains, les Britanniques, les Français (Pathé, Studio Canal), etc.

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Quelle est la cadence de vos achats?  Comment se limitent vos droits de diffusion ?

TANIA KHALI

Nos achats sont effectués en fonction des demandes des chaînes et des lignes éditoriales de ces dernières. Sur les séries étrangères par exemple, nous alimentons les cases du lundi soir pour France 2 («Castle», «Broadchurch»,…) et du dimanche soir pour France 3 («Les enquêtes de Murdoch», «Les enquêtes de Morse»,…). Avec des productions telles que «Castle», nos droits de diffusion accompagnent la vie de la série en fonction du nombre de saisons produites. D’autres marchés ne fonctionnent pas de cette manière.

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Face à l’expansion du nombre de chaînes de télévision, les majors exercent-elles une pression sur le tarif de leurs catalogues ?

TANIA KHALI

Les studios américains ont toujours été attachés à une politique de forte rentabilité. Avec la chute des revenus publicitaires, un impact évident s’est exercé sur une pression à la baisse des tarifs. En revanche, avec la multiplication des canaux de diffusions qui doivent être alimentés en permanence, nous observons mécaniquement une pression à la hausse des prix. Mais dans ce contexte, la recherche des contenus rares est devenue primordiale.

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Le choix est-il dense en matière de séries étrangères?

TANIA KHALI

Un grand nombre de séries est à disposition. Mais la question est de trouver le bon programme au bon moment. C’est pourquoi nous achetons généralement des séries dans le cadre des deux MIP mais aussi des «LA Screenings» au mois de mai. C’est un déplacement important qui nous permet de percevoir les nouvelles tendances et les nouveaux types de séries qui seront choisies par les Networks américains. Cela nous donne une tonalité de ce qui va arriver.

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Comment percevez-vous justement les nouvelles tendances ?

TANIA KHALI

Il est intéressant de percevoir la façon dont les séries américaines actuelles sont construites en termes de narration, de scénario et d’évolution de personnages. Les studios –  à la fois producteurs de films et de séries – ont tenté de minimiser les risques artistiques sur leurs récentes productions cinématographiques, particulièrement coûteuses. C’est pourquoi autant de franchises sont réapparues sur les écrans. La créativité en a pâti. Elle s’est reportée sur des séries aux coûts de production moins importants. En prenant ainsi plus de risques sur les séries, des pépites ont émergé. 

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Négociez-vous des «volume deal» avec les majors ?

CATHERINE NAYL

Non, ce n’est pas notre approche. France Télévisions n’a ni contrats cadre, ni contrats à long terme avec les studios. En revanche, nous travaillons au cas par cas avec toutes les majors. Sur le cinéma, le groupe France Télévisions acquiert plus de 500 films par an. Nous nous concentrons incontestablement sur les films français et nous travaillons avec l’ensemble des distributeurs.

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Comment se positionne France TV face aux chaînes privées ?

TANIA KHALI

France Télévisions est un challenger sur le marché des acquisitions avec une démarche plus sélective dans son approche. Notre mission de service public est de proposer une diversité de choix à nos téléspectateurs. En volumétrie, par rapport à ce qui se passe sur l’ensemble de nos antennes, les acquisitions sont vraiment infinitésimales. 

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Quelles sont vos dernières acquisitions ?

TANIA KHALI

«Broadchurch», la série policière qui a démarré hier soir sur France 2 est l’une de nos dernières acquisitions. Bien plus feuilletonnante que «Castle», elle dispose d’une narration et d’un  casting puissants. Enfin, nous avons fait l’acquisition de «Da Vinci’s Demons» (8X45’), une nouvelle série pour France 4.