Vincent GISBERT, Délégué général du SPECT

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Le SPECT (Syndicat des Producteurs et Créateurs d’Emissions de Télévision), fondé en septembre 2004, regroupe la plupart des producteurs et créateurs indépendants d’émissions de TV dites «de flux». Pour nous commenter les actualités de la structure, média+ s’est entretenu avec Vincent GISBERT, Délégué général du SPECT.

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Les émissions de flux représentent près d’1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires en France pour 50.000 personnes engagées et plus de 100 sociétés de production. Quelles sont aujourd’hui les priorités du SPECT ?

Vincent GISBERT

Plusieurs sujets sont sur la table. Le premier porte sur la défense de l’indépendance de la production audiovisuelle face aux ressources de productions internes des chaînes. C’est le sujet prioritaire. Dans le flux, la télévision en clair finance près de 70% des investissements dans la production audiovisuelle externe. Au sein du Groupe M6, il est certain que l’on est en dessous de 50%. Le second point concerne la mise à l’antenne de formats originaux. Si nous voulons peser sur le marché international du format, nous devons avoir plus de formats originaux à l’antenne. Pour y parvenir, les producteurs doivent être présents sur la dimension Recherche & Développement. Quant aux diffuseurs, ils doivent prendre en compte cette approche. Les pays leader en matière de formats, que ce soit les Pays-Bas, Israël ou l’Amérique du Sud, prennent des risques importants. Si les choses veulent évoluer dans le bon sens, les pouvoirs publics doivent aussi prendre leur part de responsabilité. Enfin, pour valoriser et favoriser la mise à l’antenne de formats orignaux, pourquoi ne pas inscrire quelque chose au niveau du Contrat d’objectifs et de moyens ou du cahier des charges de France Télévisions ?

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Delphine Ernotte, la nouvelle Présidente de France Télévisions, souhaite faire de France 2 une chaîne du flux. Comment réagissez-vous ?

Vincent GISBERT

Nous accueillons cette proposition d’un bon œil. Je trouve aussi particulièrement intéressant l’idée de conclure un pacte entre la production indépendante audiovisuelle et France Télévisions. Le débat porte ainsi sur la production dite externe et interne. France 2, le vaisseau amiral de France Télévisions, doit appuyer sa dimension événementielle. En revanche, nos inquiétudes portent sur le cadrage financier, un sujet qui nous semble absolument prioritaire. La question porte ainsi sur l’extension de la redevance aux nouveaux supports. Pour sécuriser le financement du service public, la redevance doit être étendue à l’ensemble des supports. Les modalités sont à inventer.

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Doit-on imposer des quotas de formats français à la télévision ?

Vincent GISBERT

Non, nous ne sommes pas dans un modèle de quotas. Pour les chaînes atteignant jusqu’à 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, elles ont la possibilité d’intégrer des programmes de flux indépendants dans le système de leur obligation de production. Olivier Schrameck indique d’ailleurs que le CSA porte beaucoup  d’espoir sur la filière du flux pour relever les enjeux de créativité et de cohésion sociale. C’est un signe très encourageant.

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Relevez-vous également des inquiétudes vis-à-vis de vos adhérents ?

Vincent GISBERT

Oui, il y a une véritable inquiétude portant sur les équilibres économiques de nombreux producteurs. Cette appréhension fait suite notamment à la réforme du Cosip documentaire au CNC mais aussi de la réforme «spectacles vivants» qui est en train d’être discutée.