Zuckerberg sous les feux des projecteurs

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Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, se retrouve sous les projecteurs du Congrès américain, une 1ère pour ce jeune milliardaire de 33 ans qui s’est toujours jalousement protégé de l’attention publique. Décrit comme «timide et introverti» par la numéro 2 de Facebook, Sheryl Sandberg, Mark Zuckerberg se retrouve depuis l’affaire Cambridge Analytica obligé de monter en 1ère ligne pour défendre l’intégrité du réseau social qu’il a créé alors qu’il n’avait que 19 ans dans sa chambre d’étudiant à Harvard. Dans les 1ers jours de l’affaire mi-mars, il avait choisi le silence mais s’est vite retrouvé contraint de présenter ses excuses aux quelque 2 milliards d’utilisateurs. Des excuses qu’il a du réitérer très publiquement mardi devant les sénateurs américains. «Il est évident aujourd’hui que nous n’avons pas fait assez pour empêcher (Facebook) d’être utilisé de façon mal intentionnée (…). Nous n’avons pas pris une mesure assez large de nos responsabilités et c’était une grosse erreur. C’était mon erreur et je suis désolé», avait-il prévu de dire, selon le texte de son intervention. Cette contrition est loin d’être la 1ère, le jeune milliardaire aux boucles rousses, au visage presqu’encore poupin, a déjà ces derniers mois admis des erreurs, au gré des polémiques qui ont secoué le groupe, accusé de propager désinformation et «fake news», de menacer la démocratie, de susciter une addiction décérébrante etc… Mais à force de polémiques, de promesses, d’excuses, «il ressemble à un type qui ne sait pas où il va», lance Bob Enderle, analyste du secteur. Artisan du succès de Facebook, refusant de céder une once de pouvoir, M.Zuckerberg incarne son entreprise, et c’est donc lui qui encaisse les coups, comme l’avait illustré récemment la une du dernier numéro du magazine «Wired», avec un Zuckerberg couvert de bleus, comme s’il avait été passé à tabac. «J’ai lancé Facebook, et au bout du compte, je suis responsable de ce qui (s’y) passe», a-t-il reconnu en mars. Mark Zuckerberg, qui continue à s’habiller en t-shirt et en jean malgré une fortune estimée à quelque 64 milliards de dollars, selon les dernières estimations du magazine «Forbes», «n’a pas su s’attaquer aux problèmes de fond», estime «Wired». Accusé de réagir trop tard, de penser qu’il peut tout régler sans aide extérieure, Mark Zuckerberg renoue malgré lui avec l’image d’un chef d’entreprise inexpérimenté et un peu arrogant dont il avait su se défaire jusqu’à ces derniers mois, au point de voir la presse lui prêter des intentions présidentielles. «Son inexpérience s’illustre une nouvelle fois», estime Bob Enderle, estimant qu’il aurait dû se faire aider pour mieux gérer les crises. «Il n’est pas le héros que beaucoup de gens voyaient en lui, sa réputation et son image sont fortement affectées», dit-il, ajoutant que «si Facebook était une compagnie traditionnelle (…) il serait déjà parti». «Je pense qu’il est sincère et motivé par son désir affirmé de rapprocher (les gens) mais vraisemblablement de plus en plus frustré par les conséquences inattendues de son ambition naïve et la hâte avec laquelle il la conduit. Je pense juste que l’on est arrivé à un point où le meilleur moyen pour lui de mener à bien son ambition est de partir», écrit aussi l’auteur et journaliste Devin Coldewey dans le magazine «TechCrunch». Pour beaucoup, Facebook a en quelque sorte échappé à son créateur, qui lança tout jeune ce qui n’était alors qu’un trombinoscope d’université avant de trouver la formule magique qui le rendrait richissime: les données personnelles des usagers. Il en a fait un modèle économique d’une efficacité redoutable, qui attire en masse les annonceurs publicitaires, avides de pouvoir mieux cibler les utilisateurs. Mais le modèle est fragile car il repose sur la confiance, désormais mise à mal. Facebook a perdu depuis le début de l’affaire beaucoup de plumes en Bourse, illustrant la fébrilité des investisseurs. Né le 14 mai 1984 d’un père dentiste en banlieue de New York et d’une mère psychiatre, qui l’initient dès 11 ans à la programmation informatique, Mark Zuckerberg a ensuite fréquenté la prestigieuse université d’Harvard.