CANAL+ : «C’est la vie!», une série pour lever les tabous

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Panique au Centre de santé de Ratanga: une patiente présente les symptômes du virus Ebola. Bien vite, la rumeur enfle dans ce quartier imaginaire, épicentre de la série tv à succès «C’est la vie!», qui revient sur les petits écrans d’Afrique francophone. Comment l’équipe du pugnace Dr Moulaye va-t-elle réagir pour traiter le cas de cette jeune femme enceinte de jumeaux, soupçonnée d’avoir contracté la terrible maladie? Korsa et Assitan, les 2 sages-femmes, vedettes de la saison 1, vont-elles mettre de côté leur rivalité pour rassurer les habitués du «Maquis», le petit restaurant de ce faubourg qui pourrait être situé dans n’importe quelle métropole africaine? Lors des 36 épisodes de la saison 2, entièrement tournée dans la capitale sénégalaise et diffusée depuis mercredi, le petit centre de santé va être confronté à des épreuves multiples, dont une tentative de mainmise de la mafia locale et un trafic de faux médicaments. La diffusion se fera d’abord sur A+, la chaîne payante africaine du groupe Canal+, sur toute l’Afrique francophone, en France métropolitaine et d’Outre-mer, aux Comores, à Haïti, à Maurice ou encore à La Réunion. La crise au Centre de santé de Ratanga, émaillée de situation cocasses, sera-t-elle une nouvelle fois surmontée grâce au sang-froid des protagonistes, qui veillent à appliquer les lignes directrices des grands organismes mondiaux de santé ? Le jeu des acteurs manque parfois encore de spontanéité et les messages de santé publique sont pour le moins appuyés. Mais le caractère attachant des personnages, les intrigues à rebondissements et le réalisme des situations insufflent un dynamisme joyeux à cette série, dont quelques épisodes ont été présentés la semaine dernière en avant-première à Dakar. A la sortie de la projection, Gorba Diang, explique avoir été marqué par un dialogue entre une jeune fille qui craint d’être enceinte et sa mère. «D’habitude, les mamans sont un peu plus dures. C’est une belle leçon, qui dit qu’on peut éduquer sans pour autant être un gendarme (…)», estime le jeune homme. La planification des grossesses, les mariages précoces ou les dangers des faux médicaments: au total, ce sont quelque 200 «messages», dont beaucoup sont tabous dans les sociétés africaines, qui seront distillés à raison de 2 épisodes par jour, du lundi au jeudi, à plusieurs millions de téléspectateurs. «C’est une série qui délie la parole et incite au débat», se réjouit Alexandre Rideau, l’un de ses producteurs, tout en concédant que certains sujets, comme l’homosexualité, restent difficilement abordables. «On a l’habitude de voir des séries qui parlent d’amour, de gloire et de beauté, mais là, on sensibilise», souriait l’actrice Awa Kane, qui «assume» le rôle de la sage-femme revêche, Korsa, en espérant contribuer à «faire changer les comportements» du personnel médical. Un pari déjà gagné, selon une autre actrice, Mami Diallo, pour qui, depuis la 1ère saison de la série, «on fait plus attention à la manière dont on reçoit les gens» dans les hôpitaux en Afrique. «C’est la vie!» a été imaginée notamment par la scénariste ivoirienne Marguerite Abouet, célèbre pour sa BD «Aya de Yopougon». Le scénario a aussi été nourri par les témoignages de sages-femmes d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Le tournage a réuni des réalisateurs sénégalais, du Cameroun, du Bénin, du Mali, du Niger et du Burkina Fasso. L’ONG sénégalaise Réseau africain pour l’éducation, la santé et la santé (RAES), en charge de la coordination du projet, a elle réuni 75% des fonds nécessaires pour produire la série. Le financement provient principalement du fonds français Muskoka (par le biais de quatre agences des Nations Unies). La société Keewu, producteur délégué, a apporté le reste du financement, constitué de pré-achats par TV5Monde Afrique et A+, d’apports émanant de fonds audiovisuels (Organisation Internationale de la Francophonie), de partenariats, ainsi que du produit de la distribution de la saison 2 en français et, courant 2018, en anglais.