D. BUÑUEL (CANAL+) : «Nous voulons initier des documentaires à forte valeur internationale»

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Diego BUÑUEL, Directeur des Documentaires de CANAL+

Dans le cadre du «Sunny Side of The Doc» qui se tiendra du 19 au 22 juin à La Rochelle, média+ s’est entretenu avec Diego BUÑUEL, Directeur des Documentaires de CANAL+. Focus sur les temps forts à venir et la logique de développement mise en place par la chaîne sur ce genre.

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Depuis votre arrivée à la tête des documentaires de CANAL+ il y a maintenant deux ans, avez-vous modifié en profondeur la ligne éditoriale ? 

Diego BUÑUEL

Oui, elle a changé de façon profonde. Aujourd’hui, nous avons moins de cases documentaires. Mais nous proposons des films ayant une ambition de création et d’exportation sur le marché international. L’idée est de déployer ce «storytelling» à la française hors de nos frontières. Il n’y a pas de raisons qu’il y ait une «French Touch» dans la publicité, en animation, et aucune en documentaire. Quand les abonnés de CANAL+ regardent nos films, je veux qu’ils se disent «OK, je sais pourquoi je suis abonné».

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Quelle est votre priorité ? Miser sur l’internationalisation de vos documentaires ?

Diego BUÑUEL

Nous voulons initier des documentaires à forte valeur internationale, au même titre que les autres grands films internationaux. Pour cela, nous traitons essentiellement de sujets ayant un rapport avec la France ou les Français mais avec une résonance mondiale. Nous travaillons en liens étroits avec les producteurs afin de les accompagner sur les marchés internationaux, pour trouver des financements et ainsi de suite. Miser sur l’international suppose aussi avoir plus de moyens. Il n’y a pas de miracle, un bon film coûte cher, à part quelques rares exceptions. Nous avons réduit nos deuxièmes parties de soirées «documentaires» sur CANAL+ pour réinjecter les investissements sur les Prime Time. Nous proposons entre 12 à 14 films par an. La logique n’est pas tellement d’ouvrir plus de cases, mais plutôt de savoir qu’elles sont leur utilité. Nous réinvestissons le documentaire de sport comme «Sprint» (Black Dynamite Production) sur l’histoire du 100 mètres, ou encore «Le K Benzema», portrait de la star du Real Madrid controversée en France.

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Quels sont les points marquants de la rentrée documentaire de CANAL+ ?

Diego BUÑUEL

Nous aurons un grand film sur Christophe Rocancourt produit par Shine France. A la réalisation, Olivier Mégaton qui a tourné les «Taken». Il s’est attelé à la tâche pour nous faire un film extraordinaire autour de cet arnaqueur hors norme. Nous avons aussi une contre-enquête sur «Mark Karpeles, l’homme qui voulait devenir maître du monde» (Brainworks), au cœur d’un détournement de fonds de monnaie virtuelle.

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Vous investissez donc sur des films liés à la culture contemporaine…

Diego BUÑUEL

Oui, nous misons sur des sujets de société pointus à destination de gens curieux et intéressés. Après avoir fait «Made in France», nous proposons cette année «Sandwich» (Caméra Subjective Presse) écrit et réalisé par Benjamin Carle. Nous avons fait appel à une équipe française très fraîche et ayant de bonnes idées de réalisation. Ce qui est intéressant avec le documentaire, c’est que l’on peut raconter plein de choses différemment.

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Les séries documentaires vous intéressent-elles encore ?

Diego BUÑUEL

Les séries documentaires sont compliquées à exploiter sur CANAL+. Néanmoins, nous préparons une coproduction internationale avec Amazon et Vice, «Caïn et Abel» (4X52’), réalisée par Spike Jonze, dont la diffusion est prévue au premier trimestre 2018. Les coproductions sont toujours complexes à monter car elles doivent intéresser tous les pays autour de la table. Ce sont des films qui vont coûter entre 800.000 et 1 M€. L’année dernière, nous avions fait la tentative avec BBC et le film «Exode», une expérience immersive au cœur des millions de personnes qui tentent de rejoindre l’Europe par tous les moyens.